Trésoriers

La hausse des rémunérations reste modérée en 2014

Publié le 14 novembre 2014 à 11h05    Mis à jour le 14 novembre 2014 à 19h04

Alexandre Rajbhandari

Si les rémunérations des trésoriers sont très variées selon les profils, dans l’ensemble, ils subissent également les mesures de restrictions budgétaires des entreprises. Une situation qui ne les empêche pas toutefois d’être plus satisfaits de leur poste que les autres fonctions finance.

Après les contrôleurs de gestion, le deuxième volet du baromètre 2014 des fonctions finance, consacré aux trésoriers, montre que ces derniers n’ont pas été particulièrement favorisés l’année dernière en termes de rémunération. En effet, le constat qui ressort de l’étude menée par Option Finance, l’Association des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE) et par Michael Page est mitigé en termes salariaux. Certes, avec une rémunération fixe annuelle brute de 73 000 euros en moyenne, ils gagnent sensiblement plus que les contrôleurs de gestion (60 000 euros). Pour autant, ils n’échappent pas au mouvement général de modération salariale qui touche les entreprises. «Ces professionnels subissent tout autant l’effet des restrictions budgétaires que leurs collègues de la fonction finance», constate Mikaël Deiller, manager exécutif senior chez Michael Page.

Des augmentations limitées en 2014

Cette tendance est notamment illustrée par la part significative des revenus fixes qui n’ont pas évolué à la hausse cette année. En effet, 40 % des trésoriers d’entreprises n’ont reçu aucune augmentation salariale selon l’étude 2014. Une proportion plus importante que parmi les contrôleurs de gestion (37 %). En outre, pour les trésoriers qui ont bénéficié de revalorisations, ces dernières ont été globalement limitées, à 3,5 % en moyenne, comme pour les contrôleurs de gestion.

Cette tendance recouvre en outre une réalité très contrastée. En effet, les rémunérations fixes brutes des trésoriers sont très hétérogènes, et l’amplitude entre les salaires les plus faibles et les plus importants est très large. Ainsi, alors que 12 % des répondants disent gagner moins de 40 000 euros bruts par an, ils sont 19 % à percevoir plus de 100 000 euros par an. L’expérience des trésoriers est un premier facteur d’explication de cette diversité des rémunérations – 37 % des moins de 35 ans gagnent moins de 40 000 euros par an. Mais c’est plus encore la taille de leur entreprise qui influe sur le salaire. 

«Les trésoriers de PME filiales de groupes travaillent sur une trésorerie gérée de façon centralisée, et leur fonction est en grande partie automatisée, explique Mikaël Deiller. Ayant moins de prérogatives, et le plus souvent aucun collaborateur à superviser, ces profils ne gagnent en général pas plus de 60 000 euros.» En revanche, plus la taille de l’entreprise est importante, plus les responsabilités des trésoriers sont élargies et plus les rémunérations augmentent. «Les trésoriers d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) et de grands groupes, qui bénéficient logiquement des plus hautes rémunérations du panel, doivent quant à eux superviser des équipes, poursuit Mikaël Deiller. En outre, ils doivent gérer des montants beaucoup plus importants, ainsi que des problématiques internationales et des risques afférents, ce qui justifie souvent un salaire plus substantiel.»

Une population globalement satisfaite

Malgré cette hétérogénéité des rémunérations, les deux tiers (64 %) des trésoriers se disent globalement satisfaits de leur situation. Cette part est légèrement supérieure à celle de leurs collègues de la direction financière, puisqu’ils sont 60 % parmi les contrôleurs de gestion et 59 % chez les directeurs administratifs et financiers dans ce cas. Ces taux de satisfaction ne signifient pas pour autant que les trésoriers n’ont aucune revendication. En effet, ils sont 41 % à vouloir bénéficier de davantage de formation. «Une demande qui est logique, car les trésoriers sont très souvent amenés au cours de leur carrière à voir leur champ d’action élargi au-delà de la trésorerie stricto sensu, explique Mikaël Deiller. Par exemple, ils peuvent progressivement devenir responsables des financements, de la gestion des risques ou encore du credit management.»

Ces formations, qui renforcent leur expertise, tendent toutefois à les maintenir dans leur spécialité. «Aujourd’hui, avec le développement des formations de troisième cycle dédiées aux métiers de la trésorerie, la fonction s’est professionnalisée, et un grand nombre de trésoriers ne connaît dorénavant que ce métier», constate Mikaël Deiller. Ainsi, avant d’occuper leur poste actuel, 55 % des sondés dans le cadre de ce baromètre étaient… déjà trésoriers d’entreprises. Un phénomène qui est amené à perdurer. «Les trésoriers s’intéressent avant tout à des offres concernant des postes de trésoriers qui revêtent un champ de responsabilités plus large et plus intéressant que leur fonction actuelle», poursuit Mikaël Deiller. Des perspectives d’évolutions qui expliquent sans doute que les trésoriers restent fidèles à leur fonction. En effet, la majorité des trésoriers se voient évoluer dans cette fonction uniquement : 62 % espèrent devenir responsable ou directeur de trésorerie.

Conséquence logique, alors qu’ils sont souvent sollicités, les trésoriers changent rarement de postes. Si 70 % d’entre eux ont été contactés par des recruteurs au cours des 12 derniers mois – contre 60 % parmi les contrôleurs de gestion –, seulement 13 % d’entre eux ont effectivement changé de poste pendant l’année, contre 29 % chez leurs collègues. Une fidélité qui se traduit par un niveau élevé d’ancienneté des trésoriers à leur poste par rapport aux autres fonctions finance. En effet, alors que seulement 22 % des contrôleurs de gestion et 33 % des directeurs administratifs et financiers ont passé plus de cinq ans à leur poste actuel, les trésoriers sont 46 % dans ce cas.

 

 

Rémunérations complémentaires : les trésoriers davantage privilégiés

  • En ce qui concerne les rémunérations complémentaires, les trésoriers sont davantage favorisés que leurs collègues. Seuls 29 % d’entre eux ne bénéficient pas d’éléments de rémunération additionnelle, tandis que cette proportion grimpe à 34 % chez les contrôleurs de gestion et à 51 % chez les directeurs financiers.
  • De la même manière, seulement 11 % d’entre eux n’ont pas reçu de part variable en 2014, contre 21 % des contrôleurs de gestion, et même 27 % des directeurs financiers. En outre, ces rémunérations sont relativement généreuses par rapport à celles octroyées dans les directions financières : elles s’établissent en moyenne à 9,1 % de la rémunération fixe brute, contre 7,5 % pour les contrôleurs de gestion, et 8,9 % pour les directeurs administratifs et financiers. En effet, l’efficacité de leurs actions est rapidement identifiable, et donc plus facile à récompenser. «L’incidence des contrôleurs de gestion sur l’amélioration de la performance de la société nécessite de faire changer des habitudes, et s’inscrit souvent dans le moyen ou le long terme, à travers des projets d’optimisation des coûts et des processus, explique Mikaël Deiller. En revanche, les gains réalisés par les trésoriers peuvent être visibles très rapidement. Par exemple, lorsqu’un trésorier renégocie l’ensemble des lignes de crédit de son entreprise, l’entreprise peut immédiatement connaître son impact en termes financiers, et rémunérer le trésorier en conséquence.»

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