La probabilité est très faible de voir le conflit au Moyen-Orient provoquer une envolée des cours pétroliers. En revanche, les marchés auraient des raisons de s’inquiéter de l’impact de la guerre commerciale sur l’économie américaine, et donc sur les actions.
La guerre avec l’Iran n’a, à ce stade, pas provoqué de réaction importante de la part des marchés. Un cessez-le-feu a été annoncé, mais la situation reste très instable. Les conséquences économiques pourraient-elles être plus lourdes qu’attendu, en particulier en cas de fermeture du détroit d’Ormuz ?
Jean-François Robin, global head of research, Natixis CIB : La situation peut en effet étonner. De fait, deux puissances nucléaires – ou presque, s’agissant de l’Iran – s’affrontent, et les marchés n’en ont cure. Sous les 70 dollars le baril, le pétrole est proche des plus bas niveaux de ces derniers mois – bien loin des 130 dollars annoncés par certaines banques américaines en cas de conflit –, les actions américaines sont au plus haut… Faut-il voir là une certaine inconscience, alors que la fermeture du détroit d’Ormuz, autorisée par un vote du parlement iranien bloquerait en effet 20 % des échanges mondiaux de pétrole ?
Toute la question est de savoir si le régime iranien est vraiment susceptible de passer à l’acte. En 1988, pendant la guerre avec l’Irak, les affrontements ont été très violents, avec 300 tankers bombardés dans la région. Et pourtant, le détroit d’Ormuz est resté ouvert. Aujourd’hui, l’Iran produit 3,5 millions de barils de pétrole par jour, et en exporte 1,7 million via le détroit. C’est une ressource indispensable. Dans ces conditions, le fermer serait pour le régime iranien une façon de se tirer une balle dans le pied. D’autres exportateurs de pétrole seraient...