Créée afin de faciliter l’orientation des capitaux des investisseurs vers des sociétés ayant une activité plus vertueuse pour l’environnement, la taxonomie verte européenne pourrait au contraire, au moins à court terme, perturber le financement des entreprises. Les pourcentages d’éligibilité de ces dernières à ce classement environnemental sont en effet assez faibles et varient selon la nature de l’indicateur. Selon une étude d’EY, en 2021, si 45 % des dépenses d’investissements (capex) de 37 sociétés du CAC•40 étaient éligibles à la taxonomie, seuls 27 % de leur chiffre d’affaires et 25 % de leurs dépenses d’exploitation (opex) correspondaient aux attentes de ce classement. Estimant que ces pourcentages ne reflètent pas l’ensemble de leurs actions en matière climatique, plusieurs sociétés ont ainsi choisi de présenter des indicateurs complémentaires, perturbant encore la comparabilité et la lisibilité des données par les investisseurs.
Ces difficultés d’analyse pourraient être exacerbées lors de la publication des rapports extra-financiers 2022. Cette fois, les entreprises devront vérifier que chacun des trois indicateurs est bien « aligné » avec des critères environnementaux et sociaux plus précis, et publier de nouveaux pourcentages qui seront, de ce fait, plus faibles que ceux présentés l’an dernier.