Avez-vous dit stagflation ?
Ce terme très usité dans les années soixante-dix, période du choc pétrolier, redevient à la mode. L’envolée des prix du gaz naturel, de l’électricité, et d’autres énergies, combinée à la mise à l’arrêt de certaines chaînes d’approvisionnement génèrent de fortes pressions haussières sur les coûts. Leur intensité est telle, que les entreprises n’ont d’autre choix que de les répercuter sur leurs prix de vente afin de préserver leur résultat opérationnel. La chute induite du pouvoir d’achat des consommateurs entame de facto la croissance économique et pousse celle-ci vers la stagnation.
Aujourd’hui, les marchés d’actifs intègrent une probabilité grandissante de stagflation dans leurs scénarios. Si elle se confirme, les gagnants potentiels seront bien entendu les titres indexés sur l’inflation, les matières premières, la volatilité et pourquoi pas les cryptomonnaies qui semblent avoir remplacé l’or physique. Parmi les perdants, on trouve les obligations à taux fixe minées par la hausse des rendements, le crédit d’entreprise dont le risque de défaillance augmente et les actions de sociétés aux marges érodées.
Néanmoins, la vélocité actuelle de la croissance soutenue par des banques centrales volontairement « behind the curve » permettra de surmonter le risque de stagflation.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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