Banque du Japon : vers un relâchement de sa mainmise sur la courbe des taux
Le 20 décembre 2022, la Banque du Japon (BoJ) avait surpris les investisseurs en élargissant la fourchette de fluctuation des taux souverains de +/- 25 points de base (pb) à +/- 50 pb, invoquant la nécessité d’améliorer le fonctionnement du marché obligataire. Le rendement à dix ans s’est aussitôt calé sur la borne haute, à 0,50 %, et jusqu’à 1,10 % pour l’échéance à quinze ans. Le 18 janvier, le comité de politique monétaire a décidé de ne pas assouplir le contrôle de la courbe des taux, malgré la pression des marchés toujours impatients. Le tempo de la BoJ diffère, car elle considère que, d’après les fondamentaux économiques, la route est encore longue pour qu’une spirale prix/salaires se matérialise. En réalité, le thème de la déflation n’est plus d’actualité. L’inflation japonaise atteint 4 % en glissement annuel et les prix à la production progressent à un rythme de 10 %. De surcroît, les prochaines négociations salariales, dont l’objectif est d’atteindre 3 %, pourraient bien être déterminantes. Ainsi, dans un contexte où les banques centrales des pays développés procèdent à des hausses agressives, la BoJ dispose d’une fenêtre pour revenir à une politique conventionnelle de ciblage d’un taux directeur de court terme. Cette décision, favorable au yen, sera certainement prise par le successeur de H. Kuroda, dont le mandat s’achève en avril.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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