Débats autour de la gestion passive
La croissance des fonds passifs sous toutes ses formes continue de marquer le paysage de la gestion d’actifs. Ce succès indéniable de marketing alimente de nombreux débats contre la pseudo-gestion active qui éclipsent la question de savoir si cette dernière apporte de la valeur.
La compétition acharnée entre fournisseurs de gestion indicielle et les batailles de frais entre géants aux Etats-Unis illustrent le caractère industriel et le gigantisme de cette activité. Comme pour la gestion monétaire, l’artisanat n’a plus sa place dans le monde de la gestion passive où rivalise une poignée d’acteurs. Le leader mondial Vanguard, en la personne de son fondateur et dirigeant John Boggle, a récemment fustigé l’inutilité des ETF et leur promotion trop agressive.
Ailleurs en Europe du Nord, le doute sur l’efficacité de la gestion active perdure, notamment dans le domaine des fonds de pension qui se tournent vers la gestion passive. Certains régulateurs cherchent à débusquer la fausse gestion active avec une révision à la baisse des frais en perspective. Prouver que la gestion est effectivement active est en soi un sujet. Faut-il considérer les indicateurs de risque relatif ou la part du portefeuille différente de l’indice de référence ? Les vraies questions sont malheureusement absentes : quelle est la valeur ajoutée d’un process de gestion actif ? ; faut-il rémunérer différemment la distribution d’un fonds actif et d’un fonds passif ?
L’abondance mondiale de liquidités a sans doute favorisé la gestion passive et créé une forme d’inflation, par hausse indifférenciée entre actifs. Les effets secondaires de la surabondance de gestion passive ont été dénoncés dans un éditorial du très sérieux «Financial Analyst Journal». Cette domination récente de la gestion passive engendre toutefois un avantage pour les autres types de gestion : celui d’une moindre compétition pour les opportunités de marché ! Pour les saisir, il faut des hommes, des outils et du temps. Investir à mon sens, c’est un peu plus que gérer passivement.
Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.
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