Euro : non, nous ne sommes pas en l’an 2000!

Publié le 20 mars 2015 à 15h49

Didier Borowski

L’euro passera-t-il sous la parité face au dollar ? Depuis sa naissance, la monnaie unique a connu des phases de sur-réaction tant à la baisse qu’à la hausse.

Ainsi, après son introduction à une parité de 1,18 dollar, l’euro s’est continûment déprécié, tombant à un plus bas historique en octobre 2000 (0,83 dollar). Cette baisse résultait de la diversification des portefeuilles d’actions des résidents : entre 2000 et 2002, la zone euro a enregistré des sorties de capitaux au titre des actions de l’ordre de 200 milliards d’euros par an !

En 2008 et 2009, l’euro a sur-réagi dans l’autre sens (à 1,50 dollar puis 1,60), en raison cette fois de la diversification des portefeuilles des investisseurs étrangers (asiatiques notamment, en incluant les banques centrales). Leurs achats de titres obligataires et monétaires se sont envolés en lien avec l’augmentation de l’écart de taux d’intérêt entre l’Allemagne et les Etats-Unis.

A quoi faut-il s’attendre en 2015 ? Les investisseurs étrangers seront incités à se délester de leurs titres souverains de la zone euro. Ils ne pourront pas, en effet, en tirer un meilleur prix que celui offert par la BCE. Leurs ventes de titres européens ont commencé à peser sur le cours de l’euro.

Contrairement à 2000, il y a aujourd’hui des forces de rappel qui empêcheront la devise européenne de s’effondrer. D’une part, la balance commerciale de la zone euro est très excédentaire. D’autre part, les investisseurs étrangers sont acheteurs nets d’actions de la zone euro. Ces dernières bénéficient toujours d’une décote, notamment par rapport aux actions américaines. La baisse de l’euro améliore les profits des sociétés. Et, à partir d’un certain niveau de sous-évaluation, les investisseurs cesseront de couvrir le risque de change. En définitive, si l’euro passe sous la parité, l’épisode devrait être beaucoup moins long qu’il y a quinze ans.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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