It’s the Congress, stupid !
«It’s the economy, stupid !» Cette formule, martelée par Bill Clinton durant la campagne présidentielle de 1992, est restée dans les mémoires. Elle exprime bien les raisons de l’échec de George Bush père, qui n’a pu renouveler son mandat du fait de la récession et du chômage. Vingt-cinq ans plus tard, c’est sur le Congrès que Hillary Clinton risque, quant à elle, de venir buter.
Elue présidente, elle devrait composer avec un Congrès au mieux divisé (si les démocrates arrachent le Sénat aux républicains), au pire hostile (si le Congrès reste entièrement contrôlé par les républicains). Or sans le Congrès, pas de budget. La bataille – au sein du Congrès ou entre le Congrès et la Maison Blanche – serait féroce et le programme budgétaire des démocrates n’aurait aucune chance de voir le jour en l’état. Pas plus d’ailleurs que n’en aurait celui des républicains, le président pouvant lui opposer son veto.
Si Donald Trump l’emporte, il serait, dans le meilleur des cas, «en cohabitation» avec son propre camp. Ses propositions en matière de fiscalité sont certes en ligne avec la doxa républicaine, mais elles s’en éloignent du côté des dépenses. Les républicains exigeraient des coupes claires dans de nombreux programmes (sociaux, éducation, santé) pour financer leurs baisses d’impôts.
Le risque de paralysie budgétaire n’est pas à prendre à la légère. Sauf à considérer une menace de récession, les débats risquent fort de s’enliser. La Fed, qui appelle de ses vœux un rééquilibrage du «policy mix», ne sera pas insensible aux rapports de force qui se dégageront de ces élections. C’est au Congrès que va se jouer (en partie) la politique monétaire.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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