La faiblesse de l’inflation est durable
Une inflation proche de 2 %, tel est l’objectif de la Banque centrale européenne (BCE) ; cet objectif est ambitieux dans un contexte aujourd’hui fortement désinflationniste… L’ère de forte croissance des pays émergents est en effet terminée, leur modèle économique est trop déséquilibré. L’excès d’investissement des dernières années en Asie a conduit à des surcapacités de production et à une baisse des prix à la production. L’indice des prix chinois à la production (PPI) est ainsi orienté à la baisse depuis plus de trois ans. Ces surcapacités seront utilisées pour exporter à bas coûts.
La faiblesse des prix est encore renforcée par la chute des devises locales. Les pays exportateurs de matières premières sont affectés par la baisse de ces dernières et réduisent leurs importations depuis l’Europe. Cette baisse des prix est durable, car l’offre de pétrole est pléthorique : non seulement la révolution du pétrole de schiste a fait des Etats-Unis le premier producteur mondial, mais aussi l’Iran va revenir sur le marché grâce à l’accord sur son programme nucléaire. Même si la demande venait à augmenter, l’offre pourrait s’adapter très rapidement avec les nouvelles techniques d’extraction, qui sont très souples. Dans un tel contexte, comment tendre vers cet objectif d’inflation proche de 2 % ? Nous avons au moins une certitude : la politique monétaire ultra-accommodante de la BCE sera durable elle aussi !
Patrick Barbe est responsable de la gestion obligataire euro de BNP Paribas AM.
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