La gestion de la courbe des taux sera clé en 2015
Le rallye historique des obligations s'accélère, en ce début d’année amplifié par l’abondance de la liquidité. Ses raisons diffèrent selon les maturités.
Celles de moins de dix ans bénéficient du soutien de la politique monétaire de la BCE de plus en plus accommodante. Ses mesures non conventionnelles élargies aux achats de titres d’Etats conduisent à ancrer pour des années les taux d’intérêt de court à moyen terme à un niveau proche de 0 % sans risque de volatilité : la demande en obligations sera forte, soit comme alternative aux rendements monétaires négatifs, soit pour des raisons réglementaires, comme dans le cadre de Bâle 3. Les obligations de maturités au-delà de dix ans ont performé, de façon mondiale, suite à la chute des prix des matières premières. Le rallye est tel que le marché anticipe que le taux allemand à dix ans restera sous 1 % jusqu’en 2018, ce qui relève d’un fort pessimisme pour un pays qui a connu 1,5 % de croissance en 2014 ! En effet, les baisses historiques des taux, des matières premières et de la devise euro, la recapitalisation réalisée des banques et l’atténuation des tensions en Ukraine devraient redonner confiance aux entreprises, d’autant que la consommation des ménages reste satisfaisante. La croissance du nord de l’Europe en 2015 devrait progresser au-delà de 1,5 %, écartant les risques de déflation, ce qui finira par peser sur les obligations de long terme.
Patrick Barbe est responsable de la gestion obligataire euro de BNP Paribas AM.
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