La guerre en Ukraine oblige l’Europe à repenser sa stratégie économique

Publié le 10 mars 2022 à 19h30

Didier Borowski    Temps de lecture 2 minutes

2022 devait être une année de transition. En mars 2020, l’activation de la clause de sauvegarde du pacte de stabilité et de croissance avait permis de suspendre les règles budgétaires pour faire face à la crise du Covid. Et il était prévu de désactiver cette clause en 2023.

L’envolée des cours des matières premières constitue un choc d’offre comparable à ceux des années 1970. L’inflation va mécaniquement grimper et la croissance va ralentir fortement cette année, surtout en Europe. Les gouvernements vont devoir mettre en place de nouvelles mesures de stabilisation, ciblées sur certains secteurs et sur les ménages les plus touchés. La facture pour les finances publiques sera conséquente à l’échelle de l’UE, et ce sans même compter les dépenses liées à l’accueil des réfugiés. Il est impossible à ce stade d’estimer le coût budgétaire final de cette crise. Mais il est clair que les dépenses induites ne pourront être entièrement couvertes par la fiscalité. Le report de la désactivation de la clause de sauvegarde s’impose.

Le thème de l’autonomie stratégique de l’Europe revient en force. Pour assurer la défense et la sécurité des approvisionnements énergétiques, de nouvelles dépenses seront nécessaires. Ces dernières ne peuvent être assujetties aux règles numériques du pacte de stabilité. Les Européens devront s’entendre sur la définition de biens stratégiques communs, dont ils pourraient assurer conjointement le financement. Le sommet européen de Versailles n’est qu’une étape. Les enjeux dépassent le cadre de la politique budgétaire. C’est un prérequis avant d’envisager de nouvelles émissions d’obligations européennes.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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