Le FOMC contre ses économistes

Publié le 5 mai 2023 à 10h34

Bastien Drut    Temps de lecture 2 minutes

L’événement le plus étonnant du FOMC de mai n’a pas été la hausse de taux de 25 bps ni même la pause dans le cycle de resserrement, qui étaient globalement attendues, mais bien les différences d’anticipations entre les membres du FOMC et les économistes de la Fed. Les premiers s’attendaient déjà en mars à une récession limitée cette année et s’attendent manifestement désormais à une récession un peu plus marquée. Les seconds sont plus optimistes. Jerome Powell a dit qu’il s’attendait personnellement à une croissance modeste en 2023 et qu’une absence de récession était pour lui plus probable qu’une récession. On peut penser à une sorte de wishful thinking, on peut aussi penser à une croyance sincère que « cette fois est différente » et enfin, on peut croire à la difficulté d’assumer à l’égard du Congrès et de la Maison-Blanche (mais aussi de l’opinion publique) le fait que la Fed conduise l’économie américaine à la récession. C’est précisément sur cette différence d’anticipations entre les économistes de la Fed et les membres du FOMC que se fonde l’hypothèse de Jerome Powell qu’il n’y aurait pas de baisse de taux directeurs cette année. Sur ce point, il semble s’accrocher au fait que la réaction du marché du travail au resserrement monétaire pourrait être différente cette fois. C’est effectivement l’une des grandes inconnues de ce cycle. Powell indique que l’excès de demande de travail est si important actuellement qu’on peut penser que le ralentissement sur le marché du travail pourrait se faire sans augmentation importante du taux de chômage, même si cela ne s’est jamais vu dans l’histoire. L’évolution du marché du travail sera donc un facteur clé de la politique de la Fed sur la deuxième partie de l’année.

Bastien Drut Responsable des études et de la stratégie ,  CPR AM

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