Le risque politique pèse sur les actions européennes
Les actions de la zone euro tendent à sous-performer les actions américaines, ce que ni les fondamentaux macroéconomiques ni les niveaux de valorisation ne justifient plus.
Aux Etats-Unis, le cycle arrive à maturité. La croissance n’est plus soutenue que par la demande des ménages. Une récession est improbable, mais les profits et l’investissement en biens d’équipement sont tous deux dans le rouge et la situation dégradée du secteur énergétique n’explique pas tout.
En zone euro, les fondamentaux sont étonnamment ignorés depuis le début de l’année : la dynamique conjoncturelle s’améliore, ce qui commence à se voir sur les profits macroéconomiques. Le cycle des profits est achevé aux Etats-Unis, tandis qu’il n’en est qu’à ses débuts en zone euro.
L’Europe est d’une certaine façon victime de son modèle politique et institutionnel inabouti. Crise des réfugiés, risque de Brexit, montée des partis populistes (Autriche), élections générales l’an prochain dans les pays du cœur (France, Allemagne) : autant de sujets qui se surajoutent et n’améliorent pas la visibilité pour les investisseurs. Sans compter que le thème de «l’Europe à la carte» ne disparaîtra pas complètement même si les Britanniques restent dans l’Union européenne.
Dans ces conditions, les actions de la zone euro subissent une «prime de risque politique». Cette dernière pourrait néanmoins diminuer au second semestre, à supposer que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne. Parallèlement, le risque politique pourrait fort bien se manifester aux Etats-Unis avec la montée de Donald Trump dans les sondages…
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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