L’énigme de la pente de la courbe des taux
Les experts des marchés financiers portent une grande attention à l’analyse de la courbe des taux, à savoir la progression des rendements en fonction de l’allongement de la maturité des obligations, car ces écarts de taux, dits «la pente», fournissent les anticipations des marchés à long terme. La courbe des taux américaine inquiète aujourd’hui car elle s’aplatit, ce qui a annoncé dans le passé l’arrivée d’une récession économique. Cette évolution ne provient pas d’analyses rationnelles, mais plutôt de facteurs temporaires. D’une part, la transparence de la politique de la Fed y contribue : elle monte son taux directeur de façon régulière, tout en fournissant aux marchés la prévision de son objectif final de taux dans les prochaines années, appelé «dot maximum», qui ne progresse pas, pesant sur les taux obligataires. D’autre part, les injections de liquidités à travers le monde sont toujours pléthoriques, ce qui oblige les investisseurs, dans un contexte de taux bas, à chercher de meilleurs rendements sur des maturités longues pour les actifs non risqués. A titre d’exemple, les fonds de pension japonais achètent des obligations en dollars et en euros de maturités longues.
Ce phénomène atypique d’aplatissement de la courbe ne doit pas pour l’instant inquiéter. En revanche, il ne s’arrêtera qu’avec le retour des pressions inflationnistes, ce qui sera alors déstabilisant pour les marchés financiers.
Patrick Barbe est responsable de la gestion obligataire euro de BNP Paribas AM.
Du même auteur
Pas de risque obligataire pour 2018 ?
Traditionnellement, en novembre, les marchés obligataires se positionnent pour la prochaine année :…