Les émergents, premières victimes de la nouvelle ère Trump
Dans les jours ouvrables qui ont suivi l’élection de Donald Trump, quelque 6 milliards de dollars ont quitté les pays émergents pour être réinvestis aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe. C’est trois fois plus que ce qui avait été enregistré en mai 2013 au moment du fameux «taper tantrum» causé par l’annonce par la Fed d’une hausse prochaine de ses taux. L’année 2015 avait pourtant bien commencé pour les principaux émergents (hors Chine), qui avaient bénéficié d’un regain d’intérêt de la part d’investisseurs qui désespéraient de voir jamais les rendements remonter aux Etats-Unis. Ce regain d’intérêt permettait de prévoir une accélération de la croissance dans ces pays.
L’élection de Donald Trump a renversé les rôles : la hausse récente des taux obligataires américains laisse à penser que les marchés anticipent une relance fiscale en 2017 équivalente à environ 1 % du PIB américain, soit 200 milliards de dollars provoquant une augmentation équivalente de l’offre d’obligations de l’Etat fédéral. A celle-ci viendrait s’ajouter une baisse de la demande d’obligations, les investisseurs se portant plutôt sur les actions dans un contexte de reprise économique. Mais les mesures qu’annoncera au début de l’an prochain le nouveau président pourraient bien dépasser cette estimation, amenant les taux à monter encore plus. Les sorties de capitaux des pays émergents devraient donc continuer, ajoutant aux difficultés politiques que connaissent beaucoup d’entre eux (Corée, Philippines, Thaïlande, Afrique du Sud). Ce n’est pas une bonne nouvelle.