Les taux d’intérêt nominaux remontent, mais pas les taux d’intérêt réels. Pourquoi ?

Publié le 22 octobre 2021 à 10h14

Didier Borowski    Temps de lecture 2 minutes

L’augmentation récente de l’inflation résulte de problèmes rencontrés du côté de l’offre : difficultés d’approvisionnement, pénuries de biens et hausse des prix de l’énergie, à la suite d’investissements passés insuffisants.

Il en a résulté récemment une pression haussière sur les taux nominaux à long terme, insuffisante néanmoins pour compenser la hausse des prix, de sorte que les taux réels restent négatifs. Combien de temps cela peut-il durer ? Les regards sont bien sûr rivés sur les banques centrales. Or ces dernières sont sur la corde raide. Elles doivent naviguer entre deux injonctions contradictoires : d’une part, ne pas durcir les conditions monétaires dans une phase de ralentissement économique et, d’autre part, ancrer les anticipations d’inflation pour éviter les effets de second tour sur les salaires.

De deux choses l’une : soit les préoccupations en matière d’inflation l’emportent sur les préoccupations en matière de croissance, auquel cas, en dépit d’un trou d’air probable sur l’activité dans les mois qui viennent, il faut s’attendre à une remontée des taux nominaux et réels l’an prochain ; soit les préoccupations en matière de croissance prévalent et l’inflation passe au second plan, auquel cas les banques centrales maintiennent leur quantitative easing (QE), les anticipations de hausse de taux directeurs aujourd’hui escomptées par les marchés se dissipent et les taux réels restent négatifs.

On ne peut exclure que les banques centrales et les investisseurs soient davantage préoccupées par le ralentissement économique qui se profile que par l’inflation dans les six prochains mois, surtout si les prix des matières premières devaient s’envoler suite à un hiver très rigoureux. Rien n’exclut donc que les taux d’intérêt réels restent en territoire négatif, voire se replient davantage… temporairement.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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