Ne pas lutter contre la BCE
Le risque de consensus que nous avions précédemment évoqué s’est matérialisé avec la récente chute des obligations. Cette baisse est due à des mouvements sur les marchés dérivés provenant de gérants alternatifs. Elle est donc technique et n’intègre plus complètement les conséquences des décisions de la BCE : autant le taux allemand à trente ans à moins de 0,50 % n’avait pas de sens, autant ceux à court et moyen terme se justifient, vu l’abondance de liquidité et le risque de déflation.
Pour certains professionnels, l’amélioration économique avec le retour d’une progression de l’inflation sur un an glissant conduirait la BCE à écourter son Quantitative Easing. Nous ne le pensons pas : l’ensemble des mesures permet de réduire le coût de financement des Etats et des entreprises, et de peser sur la devise euro. Ces effets ne seront bénéfiques que s’ils sont durables. Ainsi, le marché devrait revenir à sa tendance précédente à l’écrasement de la courbe des taux souverains jusqu’à sept ans de maturité, offrant des rendements à peine positifs.
Les achats de la BCE font risquer un «corner» sur les titres d’Etat : si leurs émissions ont été fortes en ce début d’année, elles vont se réduire à partir de juin au point qu’elles ne compenseront plus les remboursements et les achats de la BCE. Le déficit en titres d’Etat va atteindre 230 milliards pour le reste de l’année !
Patrick Barbe est responsable de la gestion obligataire euro de BNP Paribas AM.
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