Ralentissement mondial, récession européenne… avant un rebond en 2024 ?
Que souhaiter à l’économie mondiale en ce début d’année 2023 ? Chez Allianz Trade, nous avons formulé nos vœux : une reprise de la croissance, une inflation contenue et un risque de crédit maîtrisé. Malheureusement, nous ne serons certainement pas entendus. Tout du moins, pas dans l’immédiat.
Selon nos prévisions, la croissance économique mondiale ralentira à + 1,4 % en 2023, après avoir atteint + 2,9 % l’an passé. L’intensification de la crise énergétique en Europe, qui contribuera fortement à l’inflation mondiale cette année (6,4 %) et le durcissement généralisé des politiques monétaires, qui freinera l’accès au crédit des ménages et des entreprises, pèseront sur l’activité économique.
La zone euro sera particulièrement affectée par l’environnement inflationniste actuel : nous anticipons une récession de – 0,4 % cette année, conséquence de la crise énergétique qui limite le pouvoir d’achat des ménages et la rentabilité des entreprises. Cette récession touchera notamment l’Allemagne (– 0,7 %), la France (– 0,4 %) et l’Italie (– 0,3 %). Aux Etats-Unis, autres causes mais même conséquence : l’économie se contractera en 2023 de – 0,3 %, malgré une résilience remarquée des exportations et de la consommation. En Chine en revanche, l’arrêt de la politique zéro Covid permettra un rebond conséquent de la croissance, attendue à + 4 % cette année contre + 2,8 % en 2022. Dans les pays émergents en général, l’économie restera stable, avec une croissance moyenne attendue à + 3,3 % en 2023.
En somme, les perspectives pour 2023 ne sont pas si sombres : le ralentissement est là, mais la situation aurait pu être plus négative sans les soutiens budgétaires déployés, qui permettent de maintenir la consommation à un niveau correct. Certes, nos vœux ne seront pas entendus cette année, mais cela aurait pu être pire. Et qui sait, peut-être que 2024 nous réservera de meilleures surprises ?
C’est en tout cas ce que nous prévoyons dans le scénario de croissance Allianz Trade. Selon nos estimations, l’économie mondiale devrait rebondir dès l’année prochaine de + 2,8 %. Une reprise certes timide, du fait de la fin progressive des dispositifs de soutien publics, mais réelle, et basée sur l’atténuation graduelle de la crise énergétique. Nous prévoyons aussi un ralentissement prononcé de l’inflation mondiale en 2024, à 3,9 %.
Le rebond de la croissance économique se manifestera notamment en zone euro. Ce rebond sera très modeste (+ 1 % en 2024), de l’ordre de ce qui avait été constaté après la crise de la dette en zone euro en 2012, et fragile, puisqu’il pourrait être entravé par un prolongement de la crise énergétique. Léger rebond à prévoir également aux Etats-Unis l’année prochaine (+ 1,6 %), freiné par l’assainissement budgétaire et les taux d’intérêt élevés. Côté chinois, la dynamique enclenchée cette année se prolongera : la croissance accélérera en 2024 à + 5,2 %.
Croissance (très) fortement limitée en 2023, rebond (très) modéré en 2024 : il faudra encore un peu de temps à l’économie mondiale pour se remettre du cycle qu’elle traverse actuellement. Mais concrètement, qu’est-ce que cela implique pour les entreprises ?
Dans un contexte de demande contenue, de marges sous pression, de coût de l’endettement élevé et de tensions sur le marché du travail, les trésoreries sont mises à l’épreuve. Cela peut-il engendrer une résurgence du risque d’impayés ? Ce qui est sûr, c’est que le nombre de défaillances repart à la hausse. Pas de vague massive, mais une vraie normalisation : selon nos prévisions, les défaillances devraient croître de + 19 % en 2023 et ainsi dépasser leurs niveaux d’avant crise dès la fin de l’année (+ 2 %).
L’Europe sera en première ligne. D’importants rebonds sont attendus en France (+ 37 %), au Royaume-Uni (+ 9 %), en Allemagne (+ 16 %) et en Italie (+ 33 %). En Chine et aux Etats-Unis, des hausses sont également prévues, respectivement de + 15 % et + 33 %.
Les deux années à venir seront donc synonymes pour les entreprises de vigilance. Des opportunités existeront car l’économie mondiale ne tombera pas dans une récession longue, généralisée et prolongée. En revanche, la normalisation des défaillances renforcera mécaniquement le risque d’impayés. Pas de quoi s’alarmer pour le moment, mais pas de quoi non plus baisser la garde.