Un marché du travail américain particulièrement difficile à lire

Publié le 13 juillet 2023 à 11h46

Bastien Drut

Les dernières statistiques portant sur le marché du travail américain entretiennent la confusion. Les marchés obligataires ont souffert après la publication du rapport ADP de juin, qui faisait état de 497 000 créations d’emplois dans le secteur privé en juin : un chiffre très élevé, que la Fed ne peut pas balayer d’un revers de la main. Le rapport sur l’emploi du Bureau of Labor Statistics, publié le lendemain, n’en indiquait que 149 000, soit le chiffre le plus bas depuis 2020. Le (grand) écart entre les deux chiffres semble provenir du secteur hôtellerie-restauration, dans lequel il y aurait eu 903 000 créations d’emplois sur les six derniers mois pour le premier… mais seulement 260 000 pour le second. Pour ce secteur, durement touché pendant la crise Covid, il est particulièrement difficile, pour les bureaux de recherche, de désaisonnaliser les chiffres après des années chaotiques.

Par ailleurs, plusieurs statistiques du rapport sur l’emploi de juin sont peu cohérentes avec celles des rapports précédents. Par exemple, le nombre agrégé d’heures travaillées remonte de 0,4 % en juin. Etant donné qu’il avait baissé sur cinq des sept mois précédents, il est difficile d’en tirer des conclusions. De même, le salaire horaire moyen, qui avait plutôt décéléré ces derniers mois, progresse de 0,4 % en juin. Cela tendrait à montrer que le ralentissement des salaires… ralentit.

Plus généralement, les statistiques économiques sont très volatiles en ce moment. Cette situation est typique des phases de ralentissement ou de récession mais les problèmes de désaisonnalisation, après des années très chahutées, compliquent un peu plus la donne.

Bastien Drut Responsable des études et de la stratégie ,  CPR AM

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