Un même pilote pour une inversion de politique monétaire
Joe Biden a finalement choisi de reconduire Jerome Powell à la tête de la Fed et de nommer Lael Brainard vice-présidente, considérée plutôt « dovish », accommodante.
Ces nominations rassurent quant à la transparence de la communication de la banque centrale, relative à un « tapering » balisé, puis à un calendrier de relèvement des taux directeurs prédéterminé à partir du troisième trimestre 2022, grâce aux dots. Pourtant, ce plan va être bouleversé par une inflation totale, aux Etats-Unis, de 6,22 % en octobre, au plus haut depuis trente ans, et par des anticipations dépassant même 7 % pour les prochains mois. Cette envolée accroît la pression sur le Federal Open Market Committee (FOMC) pour hâter la fin d’une politique monétaire ultra-accommodante. Ses membres sont parfaitement conscients que leur objectif de stabilité des prix risque d’être mis à mal si la spirale de la hausse de l’inflation et des salaires s’enclenche, favorisée par la raréfaction actuelle de la main-d’œuvre disponible.
Ainsi, face à une Fed devant tenir les rênes d’une inflation prête à s’emballer, il convient de se préparer à une remontée des taux directeurs potentiellement plus précoce que celle attendue par les marchés, en commençant à réduire le risque de duration des portefeuilles.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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