Vents favorables pour les entreprises
Les résultats des entreprises cotées en Europe confirment la tendance macroéconomique soutenue par un euro faible, des taux d’intérêt ultra-accommodants et une énergie bon marché. L’évolution positive de ces facteurs objectifs conjuguée à une meilleure image des entreprises crée pour le futur un potentiel de croissance appréciable. La Bourse a-t-elle traduit ces éléments dans les cours ?
La lente reprise européenne se manifeste au travers des enquêtes qui se sont bien redressées, en particulier en France, et dans l’augmentation du crédit. Certes, la production industrielle européenne accuse un retard très sensible vis-à-vis des Etats-Unis. Mais le moral des consommateurs et leur consommation ont repris des couleurs. Ces nouvelles sont confirmées par les récentes publications de résultats.
Les sociétés européennes ont annoncé des profits et des ventes qui, deux fois sur trois, ont été supérieurs aux attentes, les profits étant attendus en hausse de 12 % en 2015, hors valeurs pétrolières. Les chiffres pour les entreprises américaines sont également bien orientés : trois quarts d’entre elles publient des résultats supérieurs aux attentes, prévus en hausse de seulement 4 % en 2015, et près de 50 % surprennent positivement sur leur chiffre d’affaires.
Pourtant, les Bourses européennes présentent des valorisations très éloignées des actions américaines.
Les multiples corrigés du cycle sont à peine à leur médiane séculaire en Europe, alors que Wall Street traite largement au-dessus de celle-ci. Faut-il le rappeler, les actions américaines ont dépassé leur niveau d’avant-crise depuis plusieurs années, niveau que les entreprises cotées européennes n’ont pas atteint en moyenne, loin s’en faut. Liquidités abondantes et rendement historiquement exceptionnel comparé aux rendements obligataires concourent à un regain notable de transactions de fusion-acquisition, presque autant en Europe qu’outre-Atlantique.
Les turbulences grecques étant en voie de règlement, le retour d’août pourrait apporter plus d’intérêt pour l’investissement en Bourse alors qu’ailleurs les vents monétaires seront moins porteurs. Certes, les inquiétudes sur la Chine ont pris le relais, mais comme le chiffre d’affaires chinois des sociétés cotées européennes, en moyenne de l’ordre de 7 %, reste très modeste, elles sont peu exposées. La brise favorable aux entreprises européennes crée une aubaine que les investisseurs plus pessimistes ou retardataires pourraient bien amplifier. Les baisses excessives suite à la dévaluation du renmimbi pourraient créer d’utiles points d’entrée.
Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.
Du même auteur
De l’intérêt du non-coté
Le non-coté a le vent en poupe, mais la recherche commence à peine s’y intéresser. Elle cherche à…
Les social bonds sont-ils plus chers que les autres ?
Le segment obligataire des social bonds, qui financent des projets à vocation sociale, dans la santé…
La « Blended Finance » est-elle responsable ?
La « Blended Finance » ou finance mixte, mêlant capitaux publics et privés, se développe dans les…