Alors que plusieurs études font état d’un endettement en forte hausse pour les entreprises, retour sur cet enjeu pour les ETI et PME, et notamment sur l’importance pour une direction financière de piloter et d’optimiser les décisions d’investissements de l’entreprise.
Par Laurent Prost, directeur national expertise conseil, associé, Grant Thornton
Une étude récente de Redbrige indique que les groupes du SBF 120 ont continué en 2016 à lever de la dette :
– la dette brute des 101 corporates du panel aurait progressé de 35 milliards d’euros, passant à 625 milliards, soit + 5,9 % vs. 2015,
– sur un an, leur dette nette progresserait de 3,5 % à 349 milliards d’euros.
Cette évolution est à rattacher aux politiques monétaires accommodantes et à la reprise de l’activité économique. Dans ce contexte, quelle analyse faire de la dette sous l’angle de l’utilité économique et des risques pour les directions financières des PME et ETI ?
1. Le financement de l’actif économique induit une structure de financement
Par suite, les enjeux ne portent en réalité pas tant sur la dette que sur :
– les besoins à financer et leur optimisation ;
– la performance économique.
Les leviers permettant de réduire les capitaux investis et d’améliorer la génération de flux de chaque activité sont multiples, avec par exemple :
– la cession d’actifs sous-employés ou la sortie d’activités non rentables ;
– l’optimisation du niveau des stocks et du crédit clients ;
– le redesign to cost des produits ;
– l’optimisation des achats ;
– la réduction des frais de structure, etc.
En agissant sur les capitaux investis et la génération de trésorerie, un impact favorable sur le niveau de la dette nette peut être observé sur un horizon temporel assez court (de quelques mois à un ou deux ans). Par exemple, la mise en œuvre d’un plan d’optimisation du besoin en fonds de roulement (BFR) conduisant en moins d’un an à réduire d’un million d’euros le besoin de financement, réduira d’autant la dette financière nette et améliorera ainsi le taux d’endettement (gearing) de l’entreprise.
En activant en complément un levier améliorant les résultats (puis donc la trésorerie) de l’entreprise, la capacité de remboursement s’en trouvera améliorée.
La combinaison de ces deux types d’actions aura dans un délai assez court un impact positif sensible sur le niveau d’endettement.
Nous pouvons donc conclure que le niveau de la dette nette n’est pas le seul point à considérer et que le risque lié à l’endettement peut varier en lien avec la capacité de l’entreprise à piloter et à agir sur les bons leviers.
Il convient donc de disposer d’indicateurs pertinents et d’outils prospectifs permettant de travailler sur différents scénarios et d’en mesurer les effets en termes de création de valeur et de risque.
2. Le stade de maturité de l’entreprise et du marché a un impact sur les besoins de financement et donc sur le gearing
Trois facteurs sont à considérer :
– les besoins à financer évoluent en fonction du stade de maturité de l’entreprise et de la dynamique de son marché ;
– lorsque le marché croît, le BFR progresse mécaniquement et des investissements sont à réaliser, ce qui induit un besoin à financer, et donc un accroissement de la dette ou une diminution de la trésorerie. Une tendance généralement inverse est observée en cas de baisse d’activité pour ce qui concerne le BFR ;
– l’activité économique retrouvant ces derniers mois une dynamique, les entreprises du SBF 120 ont pu réaliser des investissements ou réaliser des opérations d’acquisition.
Par suite, l’analyse de l’évolution de la dette des entreprises du SBF 120 n’apporte pas d’information sur les investissements réalisés ni sur les perspectives futures de ces entreprises. La photographie précitée renvoyée en 2016 est ainsi à considérer sous ces angles.