Le secteur français du capital-investissement est-il entré dans une phase de concentration ? Tandis qu’Eurazeo mène actuellement des négociations pour prendre le contrôle d’Idinvest, d’autres opérations de cette nature pourraient en effet être bouclées prochainement. «Sur les quelque 300 sociétés de gestion opérant dans le private equity en France, une vingtaine d’entre elles cherchent en ce moment à se faire racheter, confirme Jean-Christel Trabarel, associé-gérant chez Jasmin Capital. Certains dossiers sont même très avancés.» Tous les segments seraient concernés par ces réflexions : capital-risque, LBO, fonds mezzanine, fonds de fonds, venture…
Outre les pressions réglementaires croissantes (lutte contre le financement du terrorisme et contre le blanchiment…) qui se traduisent par un renchérissement des coûts liés notamment à la conformité, et donc par la recherche d’économies d’échelle, cette tendance est principalement soutenue par l’évolution des attentes de la clientèle des fonds. «Pour investir dans une société de gestion, les souscripteurs se montrent de plus en plus exigeants : ils apprécient souvent une diversification de l’offre proposée (taille des cibles, secteurs, produits…) et, surtout, le développement d’une stratégie en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), poursuit Jean-Christel Trabarel. De telles requêtes impliquent de s’entourer de davantage de collaborateurs, ce qui contraint les acteurs de taille limitée à se rapprocher.» Alors que Bpifrance avait parlé de taille critique à partir de 1 milliard d’euros d’actifs sous gestion, seule une trentaine de sociétés de capital-investissement atteignent ou dépassent ce seuil en France.