Que ce soit à travers une approche active ou passive, la gestion factorielle rencontre un succès croissant auprès des institutionnels. Elle est en effet adaptée au contexte de marché qui se caractérise par des valorisations élevées sur les actions et par une remontée progressive des taux d’intérêt. Soucieux de générer une performance de long terme, les investisseurs s’intéressent également davantage aux fonds multifactoriels au détriment des monofactoriels. Ils sont par ailleurs très attentifs aux innovations, notamment aux tests réalisés sur la gestion factorielle sur le crédit ou encore à la combinaison de stratégies factorielles et ESG (environnement, social et gouvernance). De nouvelles pistes à explorer pour les gérants d’actifs.
- Comment définir la gestion factorielle, qu’apporte-t-elle de plus par rapport à une gestion traditionnelle ?
- En tant qu’investisseur institutionnel, quel intérêt voyez-vous dans la gestion factorielle?
- Les approches retenues par les gérants peuvent être assez différentes, quels facteurs privilégiez-vous et pour quelles raisons ?
- Quels sont les nouveaux axes de recherche à développer ? La gestion ISR est plébiscitée par les investisseurs institutionnels. Peut-elle intégrer cette approche en termes de facteurs ?
- La combinaison de facteurs et de critères ESG est-elle à même d’apporter de la surperformance ?
- Est-ce possible d’anticiper les retournements de marché ? Faut-il de ce fait préférer la gestion monofactorielle ou multifactorielle ?
Comment définir la gestion factorielle, qu’apporte-t-elle de plus par rapport à une gestion traditionnelle ?
Emmanuel Monet, responsable des relations clientèles ETF et indiciel pour la France, Monaco et le Luxembourg, Amundi ETF, indiciel & smart beta : L’approche en termes de facteurs consiste à chercher à extraire une rémunération supplémentaire par rapport au marché en captant les primes de risque spécifiques. Il existe un très grand nombre de travaux de recherche académique qui détaillent et explicitent ces primes de risque. Il ne s’agit pas de notions nouvelles. En revanche, ce qui est récent, c’est la mise en place dans les portefeuilles institutionnels d’une gestion de type factoriel. La réglementation des investisseurs institutionnels comme la configuration des marchés financiers les poussent en effet à rechercher et à utiliser de nouvelles techniques de gestion, pour maîtriser leurs risques dans le temps.
Jean-Baptiste Hasse, responsable R&D au sein du cabinet de conseil Insti7 : D’un point de vue universitaire, il existe encore un débat pour savoir si les facteurs constituent des primes de risque ou reflètent des anomalies de marché. Les modèles financiers s’appuient toujours sur le cadre théorique du CAPM (capital asset pricing model) qui est lié à l’hypothèse d’efficience des marchés selon laquelle les prix reflètent instantanément toute l’information disponible. Dans cette perspective, les facteurs de risque peuvent être considérés comme reflétant des anomalies de marché et dans ce sens ils sont étroitement liés aux tests d’efficience des marchés. D’un point de vue...