Afin de faire face à la surcharge de travail liée à la préparation du prochain budget, de nombreux ETI et grands groupes cherchent à renforcer leurs équipes en charge du contrôle de gestion. Si l’arrivée de tels renforts implique parfois des recrutements, l’essentiel des mouvements s’effectuent toutefois en interne. De quoi créer, pour les collaborateurs concernés, des opportunités professionnelles.
En ce mois de septembre, l’effervescence commence à gagner les directions financières des entreprises, et plus particulièrement leur département en charge du contrôle de gestion. En effet, les travaux relatifs à l’élaboration du budget pour le prochain exercice ont débuté – ou sont en passe de le faire – dans la plupart des sociétés de taille significative, notamment celles présentes à l’international. Une tâche qui, comme chaque année, se traduit par un sensible regain d’activité pour les collaborateurs concernés, d’autant qu’elle intervient souvent de manière concomitante avec la collecte de données nécessaires à la clôture des comptes de l’exercice en cours. «En cumulant le processus budgétaire et le plan stratégique à trois ans, nous nous lançons chaque année dans trois à quatre mois de travail très intensif», témoigne ainsi Jean-François Labadie, directeur financier de Neopost.
Pour les directions du contrôle de gestion de groupes qui disposent d’une fonction finance centralisée ou qui ont mis en place un système de prévisions budgétaires glissantes (rolling forecasts), ce pic d’activité saisonnier est généralement surmonté à effectifs constants. Mais pour un grand nombre de sociétés, un tel statu quo n’est pas toujours possible. Cette situation est en partie liée à l’évolution récente du nombre de collaborateurs au sein des directions financières.«Sous l’effet de la crise, les entreprises ont largement optimisé leur organisation, notamment en réduisant les effectifs financiers, rappelle un spécialiste en recrutement. Dans ce contexte, il n’est pas rare que le département en charge du contrôle de gestion fonctionne aujourd’hui à “flux tendus”.» Un mode de fonctionnement qui peut devenir problématique durant la période budgétaire, obligeant ainsi les groupes à renforcer les équipes concernées.
Un recours aux stagiaires et aux intérimaires
Afin d’épauler ces dernières, la stratégie adoptée diffère selon les sociétés. Certaines d’entre elles n’hésitent pas, par exemple, à contacter… d’anciens salariés ! «Il y a trois ans, deux de nos quatre contrôleurs de gestion ont cessé leur activité professionnelle, et n’ont pas été remplacés, explique le directeur financier d’une société d’ingénierie. Si ce département, avec sa taille actuelle, fonctionne convenablement la majeure partie de l’année, la situation devient en revanche plus compliquée en fin d’année. Afin d’y remédier, nous sollicitons l’aide de ces deux retraités, qui présentent l’avantage de connaître parfaitement le groupe.» Ces renforts viennent alors assister les équipes en place plusieurs jours par mois, entre septembre et décembre.
Plus classiquement, davantage de groupes recourent à des collaborateurs totalement extérieurs, parmi lesquels des stagiaires. «Une fois que ces derniers ont achevé leur stage estival, certaines entreprises cherchent à prolonger la période de formation, signale Noëmie Cicurel, directeur chez Robert Half finance et comptabilité. Le cas échéant, les stagiaires se voient ainsi confier la mission fastidieuse de collecter un maximum d’informations financières, sur lesquelles la direction financière peut ensuite s’appuyer pour construire son budget.» En outre, à cette période de l’année, les embauches d’intérimaires ont tendance à augmenter.«Nous enregistrons en effet un léger regain de demandes de ce type, confirme Julien Barrois, directeur exécutif chez Page Personnel. Ces dernières proviennent à la fois de PME importantes et de groupes de taille plus significative, parmi lesquels des membres du CAC 40.» Dans ce cas de figure, les profils recherchés concernent des candidats relativement confirmés, bénéficiant d’une expérience de deux à cinq ans dans le contrôle de gestion. Les contrats ainsi proposés portent généralement sur une durée de trois à quatre mois.
Des comptables appelés en renforts
Pour autant, de telles pratiques sont loin d’être majoritaires. Dans un souci de maîtrise des coûts principalement, l’essentiel des entreprises privilégient en effet des solutions en interne. Ces mouvements impliquent alors le plus souvent des comptables. Outre leur habitude à manipuler des chiffres, cette situation est la conséquence directe de l’optimisation des systèmes d’informations qu’ont réalisée de nombreux groupes au cours des dernières années. «A la suite de la refonte de notre système d’informations, entamée il y a deux ans, nous avons sensiblement simplifié les processus financiers, avec, par exemple, la dématérialisation des factures, indique le directeur administratif et financier d’un groupe de logistique. Ce faisant, la charge de travail de nos comptables s’est allégée. Lorsqu’un département fait face à une surcharge d’activité, nous avons donc pris l’habitude, dans la mesure du possible, d’y affecter temporairement l’un d’eux.»
Cette pratique, répandue au sein des directions financières, est généralement bien perçue par les collaborateurs concernés. «Tandis que ces derniers sont amenés, au cours de l’année, à accomplir des tâches répétitives, ils apprécient de pouvoir élargir leurs prérogatives», poursuit ce directeur administratif et financier. Surtout, de telles expériences peuvent susciter des opportunités professionnelles. «Des comptables peuvent saisir cette occasion pour se faire connaître auprès du responsable du contrôle de gestion, constate Noëmie Cicurel. Si celui-ci s’aperçoit que le collaborateur fait preuve d’une réflexion analytique poussée, il peut alors lui proposer de rejoindre son équipe.» Une «promotion» généralement appréciée par le salarié, qui permet également à l’entreprise d’optimiser un peu plus l’organisation de ses services comptables. De quoi faire d’une pierre, deux coups.
Une période propice aux recrutements dans les cabinets d’expertise-comptable
Il n’y a pas que dans les entreprises où la période de préparation budgétaire et de clôture des comptes peut nécessiter l’arrivée de renforts. C’est également le cas des cabinets d’expertise-comptable, qui s’apprêtent à renforcer leurs effectifs l’espace de quelques mois afin de faire face au surcroît d’activité lié notamment à la certification des comptes annuels. «Tous les ans, à partir d’octobre, nous sommes sollicités pour recruter un grand nombre de comptables, indique Julien Barrois, directeur exécutif chez Page Personnel. Les premières demandes commencent d’ailleurs à nous parvenir.»
Les candidats doivent toutefois avoir un profil confirmé. «Les cabinets sont à la recherche de comptables seniors, disposant d’une expérience d’au moins cinq ans, poursuit Julien Barrois. En outre, le fait d’avoir exercé des fonctions de responsabilité constitue une valeur ajoutée.»
De telles embauches portent généralement sur des CDD d’une durée six mois. La rémunération mensuelle moyenne, quant à elle, s’établit entre 2200 et 2800 euros.