Diplômes

Les masters financiers attirent à nouveau les étudiants

Publié le 4 septembre 2015 à 16h09    Mis à jour le 4 septembre 2015 à 17h45

Alexandre Rajbhandari

Alors que la crise avait fortement dégradé leur attractivité, les masters en finance gagnent à nouveau en popularité auprès des étudiants. Si ces derniers ont toujours tendance à privilégier les métiers de banque d’affaires, les responsables pédagogiques cherchent à mettre en avant les atouts des carrières en entreprise.

 

Les responsables pédagogiques de masters financiers français retrouvent le sourire. En effet, leurs programmes attirent de plus en plus d’étudiants. «Cette année, sur l’ensemble de nos deux masters spécialisés en finance, le nombre de candidatures a augmenté de 17 % par rapport à l’année dernière !» se réjouit Philippe Marillat des Mercières, directeur des programmes mastères spécialisés de l’EM Lyon. Une progression qui tranche nettement avec l’évolution constatée depuis la crise financière. «A l’époque, le nombre de postulants à nos formations financières baissait de 10 % par an», reconnaît Michel Baroni, responsable du mastère spécialisé techniques financières de l’Essec. Une tendance qui, depuis, s’est inversée, en raison de l’amélioration progressive du marché du travail dans le secteur financier pour les jeunes diplômés «Nos étudiants sont désormais entre 70 et 80 % à avoir décroché un emploi au moment de leur remise de diplôme, contre seulement 50 % ces dernières années», se félicite Philippe Marillat des Mercières. Trouvant plus rapidement un emploi, les diplômés ont passé le mot aux générations suivantes, qui montrent de plus en plus d’intérêt pour ces formations.

Des programmes revisités

Toutefois, si les masters financiers retrouvent de l’intérêt auprès des étudiants, ce n’est pas uniquement parce que la conjoncture économique est devenue plus clémente envers le secteur de la finance. Les responsables de programme ont également fourni des efforts conséquents pour revisiter leurs formations. «A la suite de la crise, nous avons décidé de fermer provisoirement notre master dédié aux marchés financiers afin de l’adapter aux nouvelles exigences, explique Jean-Marc Siroën. Afin de proposer un master qui correspond davantage aux problématiques que les étudiants auront à affronter au cours de leur carrière, nous avons refondu le contenu de la formation. Désormais, nous consacrons par exemple davantage de temps à former les étudiants aux questions de gestion des risques, de contrôle interne et d’éthique, ce qui n’était pas une demande particulière des employeurs auparavant, mais qui fait désormais partie de leurs nouvelles priorités.»

D’autres programmes se sont également adaptés au nouvel environnement de la finance. «Par exemple, nous proposons un module dédié aux nouveaux métiers du crowdfunding, tant pour les levées de dette que de fonds propres», ajoute Philippe Marillat des Mercières. De la même manière, les responsables de formation essayent de rapprocher le plus possible les étudiants de leurs futurs employeurs. «Nous sommes obligés de constater par exemple que dès l’obtention de leur diplôme, les étudiants qui cherchent un poste en banque d’affaires s’expatrient quasiment tous à Londres, souligne Philippe Thomas, directeur scientifique du mastère spécialisé en finance de l’ESCP. Afin de leur permettre de s’insérer plus facilement sur le marché du travail, nous offrons aux étudiants de notre mastère spécialisé la possibilité de passer le mois de février sur le campus de notre école à Londres.» Une offre originale alors que la plupart de masters spécialisés ne se déroulent qu’en un seul endroit.

Une nouvelle population d’étudiants

Plus diversifiées et davantage tournées vers l’international, ces formations attirent des profils que les responsables de programmes n’avaient pas forcément l’habitude de recruter. Ainsi, les professeurs, en plus de remarquer que les étudiants étrangers sont convaincus par la renommée des masters français à l’international (voir encadré), notent que les candidats sont, de manière générale, plus expérimentés. «Alors qu’auparavant, l’expérience des étudiants était relativement limitée, de plus en plus de candidats affichent désormais jusqu’à une année de stages dans le secteur de la finance, note Philippe Thomas. Aujourd’hui, deux tiers des candidats à notre programme sont dans cette situation.» Un phénomène qui s’explique notamment par une augmentation des exigences des entreprises lors de leur processus de recrutement. «Leurs tests deviennent de plus en plus techniques, et les candidats veulent s’assurer de pouvoir être à la hauteur, commente ainsi Philippe Thomas. En outre, les étudiants, lorsqu’ils veulent intégrer une banque d’affaires, doivent faire face à une concurrence accrue. Ils préfèrent donc mettre toutes les chances de leur côté en affichant un diplôme supplémentaire sur leur CV.»

Surtout, les étudiants de ces masters montrent un intérêt plus marqué pour la finance qu’auparavant. «Avant la crise, beaucoup de nos étudiants étaient des ingénieurs qui s’intéressaient davantage aux salaires proposés par le secteur financier qu’aux sujets financiers en eux-mêmes, se souvient Michel Baroni. Mais aujourd’hui c’est vraiment leur intérêt pour la finance qui les motive et ils ont conscience de la volatilité de certains métiers de la finance.»

Un attrait marqué de la banque d’affaires

Néanmoins, les étudiants focalisent encore trop leur attention sur une seule forme de carrière financière : celle en banque d’affaires. Or les perspectives proposées par ces formations sont pourtant très larges. «Après avoir suivi un master spécialisé en finance ou terminé un parcours généraliste d’école de commerce avec une option finance, les étudiants peuvent autant intégrer une banque d’affaires qu’une direction financière d’entreprise», confirme Philippe Thomas. Cette situation s’explique principalement par la différence entre les niveaux de rémunérations proposés par les institutions financières et les entreprises. «Les salaires en banques d’affaires sont très élevés, et même si les entreprises proposent des graduate programs, qui permettent de découvrir en quelques années différentes fonctions au sein d’une même direction financière, ces derniers ne suffisent pas à attirer les étudiants», souligne Philippe Thomas. Un phénomène particulièrement marqué pour les masters spécialisés en finance. «Chaque année, sur l’ensemble de la promotion d’étudiants de notre master spécialisé, seulement trois étudiants finissent par se tourner vers le monde de l’entreprise», regrette ainsi Philippe Thomas. Pourtant, les responsables de programmes souhaitent inverser cette tendance. «Nous essayons le plus possible de faire intervenir des directeurs financiers ou des contrôleurs de gestion au cours de la formation», poursuit Philippe Thomas.

En revanche, les étudiants diplômés d’une grande école se tournent plus volontiers vers les directions financières d’entreprises. «Dans ces formations plus généralistes, les étudiants qui se spécialisent en finance – environ 30 % de chaque promotion – sont davantage confrontés aux problématiques de gestion d’entreprises, et ont moins d’enseignements de technique purement financière, indique Philippe Marillat des Mercières. Ils sont donc plus enclins à se tourner vers des carrières en directions financières.» Les directeurs financiers sauront donc vers quelles formations se tourner pour recruter leurs jeunes diplômés.

Les masters financiers français recrutent à l’international

    •    Les masters financiers des grandes écoles françaises bénéficient d’une bonne réputation sur la scène internationale. «Parmi les dix premières formations du classement publié par le Financial Times (voir tableau), cinq masters sont dispensés par des écoles françaises», souligne Michel Baroni, responsable du mastère spécialisé techniques financières de l’Essec. Une publicité qui semble convaincre de plus en plus d’étudiants à l’international de se tourner vers la France pour compléter leur cursus.

    •    «Pour notre master spécialisé, environ la moitié des candidatures que nous recevons sont celles d’étudiants internationaux, complète ainsi Philippe Thomas, directeur scientifique du mastère spécialisé en finance de l’ESCP. Finalement, en moyenne, nos promotions sont constituées à hauteur de 40 % d’étudiants étrangers.»

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