Après plusieurs années d’améliorations significatives des pratiques de paiement au début des années 2010, plusieurs ratios stagnent désormais, alors même que l’arsenal juridique n’a cessé de se renforcer. De l’avis des spécialistes du poste clients, des réponses d’une autre nature sont ainsi à apporter, notamment sur le plan des modes de facturation.
Bonne nouvelle sur le front des délais de paiement. Selon les derniers chiffres de l’Observatoire sur les délais de paiement 2018 publiés en mars dernier, les retards sont tombés à un niveau record en France. «Ceux-ci ont atteint 10,6 jours à fin 2017, contre 11,3 jours en 2016, un seuil qui n’avait jamais été atteint auparavant, relève Thierry Millon, directeur des études chez Altares. Et nous n’excluons pas qu’ils passent en dessous de 10 jours d’ici à juin.» De l’avis général, cette embellie est en partie due à des effets conjoncturels, en particulier au rebond de la croissance économique ( +0,7 % à fin 2017) qui s’est traduit par une amélioration de la situation financière de la plupart des entreprises. Mais elle tient aussi à des aspects d’ordre structurel. En effet, au cours des dix dernières années, les gouvernements successifs ont œuvré pour lutter contre les retards de paiement. Depuis la loi sur la modernisation de l’économie (LME) de 2008, qui a instauré pour la première fois une durée limite sur les délais de paiement entre entreprises, plusieurs mesures visant à éradiquer les règlements tardifs ont été mises en place. «Après avoir imposé un plafond à 60 jours calendaires après la date de l’émission de la facture (ou 45 jours fin de mois) en 2008, les pouvoirs publics ont souhaité renforcer cette mesure en la clarifiant et en instaurant des sanctions, rappelle Thierry Millon. Car après être passés de 58 jours en 2008 à 55 jours en 2010, les délais de paiement fournisseurs moyens ont commencé à stagner de nouveau au moment de la crise financière européenne de 2011, la trésorerie des entreprises se détériorant.»