Faut-il envisager une privatisation de la monnaie ?
Le prochain champ de disruption ciblé par l’administration américaine pourrait bien être celui de la politique monétaire. Deux pistes sont envisageables.
La première concerne la Réserve fédérale. A l’issue du mandat de J. Powell en mai 2026, D. Trump proposera sans doute une personnalité iconoclaste pour le remplacer. Le prochain président de la Fed devra probablement assumer la « dominance budgétaire », à savoir une politique monétaire inféodée à la politique budgétaire. Ce positionnement faciliterait la monétisation de la dette publique, mais poserait inévitablement la question de la perte d’indépendance de la banque centrale.
La seconde piste pourrait voir l’administration Trump soutenir le développement des cryptomonnaies stables (stablecoins), gérées par des consortiums d’entreprises, embarquant notamment les géants américains de la Tech. Un projet de type Libra/Diem abandonné en 2021 face aux obstacles réglementaires, pourrait renaître de ses cendres. Réactiver un tel projet serait profondément disruptif parce qu’il implique la création d’un organisme centralisé qui s’apparente à un institut d’émission créant de la monnaie en fonction des besoins. Si, en outre, ces stablecoins étaient acceptés pour le paiement des impôts, cela reviendrait de facto à institutionnaliser des monnaies privées, circulant parallèlement au dollar. Cette diversification dans les devises a pour objectif de réduire la pression acheteuse sur le dollar, mais au prix d’une baisse d’impact de la politique monétaire de la Fed.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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