
Le sommet de l’OTAN conduira-t-il à davantage de mutualisation des dettes ?
Le sommet de l’OTAN se tiendra du 24 au 26 juin. Son secrétaire général, Mark Rutte, a proposé aux membres de l’alliance de porter leurs dépenses militaires à 5 % de leur PIB avant 2032 (vs 2 % en moyenne dans l’UE en 2024). Le chancelier allemand s’est déjà engagé à atteindre 3,5 % du PIB à cet horizon. Les Pays-Bas ont fait savoir qu’ils accepteraient d’atteindre 5 % du PIB à condition de distinguer les dépenses militaires, qui seraient portées à 3,5 % du PIB, des dépenses connexes de sécurité (infrastructures, cybersécurité et résilience), qui seraient, quant à elles, portées à 1,5 % du PIB. Cette distinction est importante, car le deuxième volet pourrait plus aisément être financé par l’épargne privée.
C’est pourquoi les réformes du marché des capitaux en cours sont importantes. La création du label « Finance Europe » et la proposition de réforme de la titrisation qui vient d’être présentée en sont des étapes majeures, qui devraient favoriser le financement privé.
Mais il faudra émettre de la dette publique pour atteindre l’objectif de 3,5 % du PIB. Or la plupart des pays sont confrontés à une forte contrainte budgétaire (l’Allemagne est une exception). Les propositions de dette mutualisée refont ainsi surface. Le 17 juin, Christine Lagarde a mentionné la possibilité d’un financement conjoint de biens communs, comme la défense. Elle avait sans doute à l’esprit la proposition de création d’un mécanisme européen de défense présentée aux ministres des Finances de l’UE en avril. Inspiré du mécanisme européen de stabilité (MES) et destiné à financer et à coordonner l’acquisition conjointe d’équipements militaires stratégiques au niveau européen, ce mécanisme fonctionnerait en émettant des obligations, ce qui permettrait de mutualiser les coûts.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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