Le ralentissement économique de la Chine inquiète les marchés, qui surréagissent à chaque mauvaise nouvelle en provenance de la première économie mondiale. Pourtant, les conséquences de la transformation du modèle économique chinois, qui depuis plusieurs années se tourne vers la consommation intérieure, étaient prévisibles et même anticipées par la plupart des économistes. La phase de transition du pays va encore prendre du temps, mais ne remet pas en question les perspectives sur le long terme selon Françoise Lemoine, spécialiste de la Chine au CEPII.
Le ralentissement de la croissance économique chinoise est-il inquiétant ?
Françoise Lemoine, économiste et conseiller au CEPII : D’un point de vue structurel, le ralentissement de la croissance économique en Chine est naturel. Pendant trente-cinq ans, ce pays a vu son PIB croître à deux chiffres, en moyenne de 10 % par an, avant de voir cette tendance se ralentir depuis 2010. Sa croissance a été de 6,9 % en 2015, ce qui reste conforme aux prévisions. Depuis 2014, la Chine est devenue la première puissance économique mondiale en parité du pouvoir d’achat. Elle est d’ailleurs le premier importateur et le premier exportateur au niveau international. Le profil de son économie a donc changé, reflétant le passage d’un pays pauvre à un pays à revenu intermédiaire, selon la terminologie de la Banque mondiale. Ce changement a ainsi eu des conséquences inévitables sur la croissance.
Le ralentissement de l’économie était cependant largement anticipé. La plupart des scénarios économiques des grandes banques d’affaires et des institutions internationales prévoient, depuis longtemps, une croissance chinoise autour de 6 % entre 2010 et 2025 et de 5 % au-delà. Il est vrai que ce chiffre pourrait être atteint plus rapidement que prévu et que la croissance en Chine soit comprise entre 5 et 6 % dès cette année.
Quelles sont les raisons de cette accentuation du ralentissement économique ?
Françoise Lemoine : Cette décélération est accentuée par des facteurs conjoncturels. La faiblesse de la croissance mondiale peut expliquer ce phénomène, mais ce ralentissement trouve surtout son origine dans la volonté du gouvernement de corriger les tensions et...