L’euro numérique de gros est en passe de devenir une réalité. Associé à la blockchain, il va changer le fonctionnement des marchés financiers et de l’activité bancaire, apporter efficacité, sécurité et rapidité des transactions. Le bénéfice sera indirect pour les entreprises, l’euro numérique de gros étant l’apanage des établissements financiers, mais il sera réel.
Piero Cipollone, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) et président du groupe de travail de haut niveau de l’Eurosystème sur un euro numérique, l’a martelé récemment devant le France Payment Forum et la Banque de France : une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) « sûre, fiable, sans risque et universellement acceptée », qui assure « l’ancrage du système monétaire » et la convertibilité avec les autres formes de l’euro, devient impérative pour « affronter les défis à venir ». Cette nouvelle dénomination de l’euro serait aussi une réponse aux attentes du marché alors que l’essentiel des crypto-actifs dits « stables » (stablecoins) repose aujourd’hui sur le dollar.
Si la mise à disposition auprès du grand public d’un euro numérique dit « retail » suscite la méfiance voire l’hostilité des banques, sa version dite « de gros » (wholesale), destinée aux acteurs financiers réglementés telles les banques et les infrastructures de marché (chambres de compensation, dépositaires centraux), voire à certaines institutions publiques, ne fait pas polémique. La MNBC de gros assurera la conversion en jetons numériques (digital tokens) des transactions de gros montants, avec des caractéristiques semblables à un crypto-actif, sur une blockchain. Elle va en effet « accompagner la transformation de la finance, explique Stéphanie Cabossioras, secrétaire générale de SG Forge (groupe Société Générale), qui va passer d’un modèle centralisé que l’on connaît depuis des...