Longtemps boudées au profit des valeurs américaines, les actions européennes retrouvent enfin les faveurs des investisseurs. Surperformance enregistrée depuis le début de l’année, retour timide des capitaux, réformes structurelles annoncées : tous les indicateurs pointent vers un changement de paradigme. S'il a surpris les gérants, ce mouvement pourrait bien s’inscrire dans la durée.
Fin 2024, le consensus des gérants mettait en avant les actions américaines, arguant de « l’exceptionnalisme américain », c’est-à-dire de la capacité durable de l’économie et des marchés financiers à surperformer ceux du reste du monde. « Depuis 2008, les actions américaines surperforment massivement les actions européennes. Cet écart cumulé a atteint près de 80 % en fin d’année dernière ! », rappelle Stéphane Le Gall, gérant chez Arkéa Asset Management. Les investisseurs, y compris en Europe, avaient ainsi tendance à afficher une préférence structurelle pour les actions américaines au détriment de celles de la zone euro. Pourtant, à l’heure du bilan du premier semestre, le constat est sans appel : le consensus s’est largement trompé.
Depuis le début de l’année, les actions européennes font mieux que les actions américaines. Ainsi, à la mi-juin, l’indice S&P, qui représente les valeurs américaines, affichait une progression de 1,62 %, et le Nasdaq, qui regroupe les valeurs technologiques, de 0,5 %, tandis que l’Eurostoxx gagnait 8 % ! Certains indices locaux enregistrent des performances encore plus marquées : l’indice espagnol (Ibex) progresse de près de 20 % sur la période, et le Dax allemand d’environ 18 %, selon les données Bloomberg, alors qu’en comparaison, la hausse du CAC 40 n’a été que de 4,1 %. La dépréciation du dollar a contribué à renforcer cette surperformance : « En réalité, les actions européennes surperforment les actions américaines de plus de 17 % grâce à l’effet devise au 20 juin 2025 », poursuit Stéphane Le Gall.