Qui achète des titres du Trésor américain ?

Publié le 18 avril 2025 à 12h19

Bastien Drut    Temps de lecture 2 minutes

Les tensions récentes sur le marché des titres du Trésor américain ont fait naître plusieurs hypothèses, dont celle selon laquelle des acteurs officiels se seraient délestés de quantités importantes de titres. C’est donc l’occasion de faire le point sur ces détentions, via les données TICS du Trésor pour les détentions internationales et les données de la Fed pour les détentions totales.

A la fin de l’année 2024, les non-résidents étaient encore les plus gros détenteurs de titres du Trésor, avec 33 % du marché. Cette part est en baisse continue depuis la crise financière de 2008 (elle était alors de 57 %). Les détentions de titres du Trésor des non-résidents, prises en milliards de dollars, ont continué à augmenter, mais moins vite que la dette américaine. On peut également observer des dynamiques distinctes dans les détentions des investisseurs étrangers : désengagement mesuré et graduel de la Chine, stabilité dans le cas du Japon, demande accrue pour l’Europe et les autres pays d’Asie.

La part des titres du Trésor américain détenus par la Fed a quant à elle fortement diminué depuis 2022 en raison de sa politique de Quantitative Tightening : elle est ainsi passée de 26 % fin 2021 à 15 % fin 2024. Les banques américaines, qui avaient acheté beaucoup de titres du Trésor pendant la crise du Covid, ont fortement ralenti à partir du resserrement monétaire de la Fed. Les fonds monétaires, dont les encours ont beaucoup progressé, ont en parallèle acheté de grandes quantités de T-bills. La catégorie « ménages », qui comprend les ménages au sens large (c’est-à-dire également les hedge funds), a été également très acheteuse de titres du Trésor sur les trois dernières années.

En raison du retard de publication, les statistiques officielles de détentions de titres du Trésor ne permettent évidemment pas d’expliquer les mouvements récents sur le marché obligataire américain. Si l’administration américaine persistait dans son projet de fortement réduire son déficit commercial, le reste du monde aurait moins d’incitations à détenir des titres libellés en dollars dans leurs réserves de change, car il aurait moins d’excédents commerciaux à réinvestir. Quoi qu’il en soit, si les dysfonctionnements du marché des titres du Trésor venaient à persister, une action de la Fed pourrait être envisagée, par exemple en rachetant des titres, comme elle l’avait fait en mars 2020.

Bastien Drut Responsable des études et de la stratégie ,  CPR AM

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