Le secteur automobile sur la voie du tout électrique ?
Ces six derniers mois, trois constructeurs automobiles ont fait des annonces importantes, laissant envisager un avenir propice aux véhicules électriques à batterie (BEV), mais aussi la fin des véhicules à moteur à combustion interne (ICE).
En septembre, Tesla a ainsi annoncé viser une réduction du coût des batteries par kWh de 56% et de celui de ses investissements par GWh de près de 70% sur les 3 prochaines années. La réduction du coût des batteries s’opérera principalement via l’amélioration des processus existants, du packaging et des procédés chimiques. Tesla ajoutera 100 GWh de capacité dans une nouvelle usine en 2022, puis 3'000 GWh globalement d’ici à 2030.
De plus, en mars, Volkswagen (VW) a annoncé la construction de 6 usines à batterie en Europe totalisant 240 GWh et réitéré son objectif de voir les BEV atteindre 60% des unités vendues en Europe, et 50% dans le monde d’ici à 2030. Elle continuera aussi à renforcer sa coopération avec le fabricant de batteries Northvolt et investira USD 400 millions dans les infrastructures de chargement avec bp afin d’accélérer le déploiement des bornes de recharge ultra-rapide au Royaume-Uni et en Europe.
Ces annonces clés n’ont en fait guère surpris vu le leadership de Tesla dans les BEV et les aspirations de VW à devenir un acteur majeur dans cet univers. La vraie surprise – marquant aussi une tendance irréversible vers les BEV – est venue du constructeur américain General Motors (GM).
Jusqu’aux dernières semaines avant les élections, GM soutenait l’administration Trump dans son effort pour ôter à la Californie le droit de fixer ses propres normes (plus strictes) d’émissions de carbone. Le CEO de GM a donc créé la surprise récemment en annonçant sa volonté de doter la totalité de ses véhicules légers de propulsion électrique d’ici à 2035 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040. En effet, à ce jour, aucune autre société ne s’est encore fixé un objectif de 100% de BEV pour une date précise. De plus, GM continuera à investir dans BrightDrop (véhicules commerciaux 100% électriques et services innovants dédiés aux entreprises de livraison) et dans Hydrotec (camions à hydrogène) Elle investira USD 27 milliards dans les véhicules électriques et autonomes d’ici à 2025, avec l’objectif de vendre 1 million de BEV en Amérique du Nord et en Chine d’ici à 2025, et aussi de vendre uniquement des BEV au niveau mondial d’ici à 2035. Avec un tel investissement, GM s’engage véritablement sur la voie du tout électrique, quelle que soit l’issue des prochaines élections.
Selon ces annonces, l’industrie dépensera des dizaines de milliards de dollars dans les années à venir pour supprimer les derniers obstacles à l’adoption du 100% BEV: coût, autonomie, infrastructures et temps de recharge. Ainsi, grâce à la baisse du coût de la technologie de batterie, les véhicules BEV devraient rivaliser avec les ICE en termes de prix d’ici à 3-4 ans. Par ailleurs, les technologies les plus disruptives comme les SSB (batteries à électrolyte solide) pourraient accroître l’autonomie à 1'200 km pour une seule recharge. Cette technologie est développée par de nouvelles sociétés comme QuantumScape et ProLogium, ainsi que des producteurs de batteries classiques tels que Samsung SDI, SK Innovation et LG Chem. L’alliance Panasonic-Toyota disposerait déjà d’un prototype opérationnel avec l’objectif de démarrer la production d’ici à 2025.
S’il est généralement risqué de prédire des pics, les données semblent toutefois indiquer que 2018 pourrait avoir marqué le pic des ventes de véhicules ICE. Depuis lors, les ventes totales ont en effet baissé avec le ralentissement cyclique de 2019, puis la crise de Covid-19 en 2020, et même si elles rebondissent nettement en 2021, elles pourraient rester en dessous de leur niveau de 2018 et ne jamais le dépasser à nouveau étant donné que les véhicules BEV ne cessent de prendre des parts de marché, soutenus par les réglementations toujours plus strictes en matière d’émissions. Ceci pourrait donc signer la fin de l’ère ICE. Cette tendance, combinée à la décarbonisation des réseaux alimentant les BEV, constitue une nouvelle étape clé vers un futur à mobilité verte.
Avec son focus environnemental, l’impact investing est ainsi au cœur de la révolution de la mobilité verte et pourrait guider les investisseurs vers des performances financières attractives en identifiant les sociétés susceptibles d’être les gagnantes à long terme.
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