(AOF) - EDF a cédé 2,5% à 8,4 euros. L'électricien a pourtant dévoilé une croissance impressionnante de son chiffre d'affaires trimestriel : +61% à 35,6 milliards d'euros ! Mais il a prévenu. Ce bond s'explique par la flambée de l'électricité et du gaz. Aussi, l'Ebitda n'en profitera guère. De surcroît, la baisse de la production nucléaire liée à un parc chancelant pénalisera ce même Ebitda, le groupe étant contraint de s'approvisionner sur les marchés à prix fort. Autre ombre au tableau : le chantier Hinkley Point C coutera, encore, plus cher.
Dans le détail, la production nucléaire en France s'établit à 91,7 TWh, soit 7,5 TWh de moins qu'à la même période en 2021, en raison d'une moindre disponibilité du parc nucléaire due essentiellement à l'impact de la découverte d'indications de corrosion sous contrainte.
EDF a rappelé que le recul de la production nucléaire induit des achats dans un contexte de prix très élevés qui pénaliseront l'Ebitda.
Ainsi, au premier trimestre, le groupe est en position net acheteur du fait de la moindre production nucléaire et hydraulique, contrairement au 1er trimestre 2021 où il était net vendeur. L'impact sur le chiffre d'affaires est estimé à - 215 millions d'euros.
Concernant le projet de réacteur nucléaire Hinkley Point C en Grande-Bretagne, sujet de controverse majeur au sein du groupe à l'époque de sa signature en 2016 (le directeur financier Thomas Piquemal avait démissionné), pas de miracle. Son achèvement est retardé et son coût allongé.
EDF communiquera en détail sur ce point avant la fin juin. Pour l'heure, il explique cette déconvenue par le Brexit, le Covid et la guerre en Ukraine, les goulots étranglement persistants dans la "supply chain", et bien sûr, l'inflation.
En janvier 2021, dernier point d'étape, le groupe avait décalé de six mois la livraison du projet, c'est-à-dire à juin 2026. Un retard dont le coût était estimé à 500 millions de livres, ce qui portait le coût total du réacteur à entre 22 et 23 milliards de livres, soit plus de 27 milliards d'euros.