(AOF) - Vivendi accuse le deuxième plus fort repli de l'indice CAC 40, régressant de 1,39% à 8,964 euros. Le géant de la communication dresse une point d’étape sur son projet de scission alors que se tient ce lundi la journée investisseurs de Canal+ avant celle d'Havas demain. La chaîne cryptée prévoit une croissance du chiffre d'affaires pour l'exercice 2024 globalement en ligne avec celle de l'exercice clos le 31 décembre 2023.
"Bien que le chiffre d'affaires de Canal+ pour l'exercice se terminant le 31 décembre 2025 devrait croître de manière organique, l'arrêt attendu de la diffusion de sa chaîne française gratuite C8 ainsi que la résiliation des contrats de sous-licence et des contrats onéreux de contenu tiers en France, affecteront négativement le chiffre d'affaires et devraient plus que compenser la croissance organique. À moyen terme, et à périmètre constant, le chiffre d'affaires devrait croître de manière modérée", précise Vivendi.
Havas, qui doit organiser son Capital Markets Day le 19 novembre, indique que l'évolution organique de son revenu net devrait se situer entre -1,0 % et 0 % pour l'exercice se terminant le 31 décembre 2024 et l'EBIT ajusté de l'année devrait dépasser 330 millions d'euros.
Au 31 décembre 2025, la marge d'EBIT ajustée annuelle devrait se situer entre 12,5 % et 13,5 %.
Phitrust contre le projet de scission
Avant l'assemblée générale de Vivendi du 9 décembre, la société de gestion activiste Phistrust a recommandé de voter contre toutes l'ensemble des résolutions proposées.
Les quatre entreprises sont Canal+, Havas, Louis Hachette Group, qui regrouperait les participations dans Lagardère et Prisma Media, ainsi qu'une société conservant le nom de Vivendi qui gérerait principalement un portefeuille d'actifs, au premier rang desquels les parts détenues dans Universal Music Group.
Ce projet de scission prévoit notamment la cotation de Canal+ sur le London Stock Exchange (avec maintien du siège social à Paris), la cotation et le transfert du siège social d'Havas à Amsterdam et la cotation de Louis Hachette Group sur le marché Euronext Growth à Paris.
Si l'opération est votée, ces trois opérations se traduiraient par des distributions ou attributions d'actions aux actionnaires de Vivendi, détenu actuellement à hauteur de 29,9% par le groupe Bolloré, en dessous du seuil de 30% correspondant au déclenchement d'une offre publique obligatoire.
Après la scission, le groupe Bolloré détiendrait, en plus de sa participation inchangée au capital de Vivendi, 31,04% des trois nouvelles sociétés cotées, souligne Phitrust dans un communiqué.
"Cette proposition de scission permettra donc au groupe Bolloré de rester l'actionnaire de référence contrôlant l'ensemble Vivendi et les trois nouvelles entités cotées sans avoir à verser une prime de contrôle aux autres actionnaires minoritaires et en contournant l'application des règles de protection de l'Autorité des marchés financiers", indique Phitrust.
Qui ajoute : " le projet de scission de Vivendi "ne respecte pas l'équité entre les actionnaires en garantissant le contrôle sur chaque entité par le groupe Bolloré, qui sera ensuite libre de faire évoluer sa détention dans les sociétés qu'il contrôle sans que cela ne bénéficie aux autres intérêts minoritaires".
Si l'objectif de l'opération est une meilleure valorisation, avec la perte de la décote de conglomérat de Vivendi, Phistrust juge possible qu'une décote s'applique à Canal+ (perte d' "opéabilité", taille de la capitalisation, faible liquidité, décote de gouvernance) et à Havas N.V. (avec en plus une décote de fondation et de gouvernance liée aux particularités du marché néerlandais).
Concernant Vivendi, la société de gestion estime que le risque boursier serait de passer d'une valorisation comportant une décote de conglomérat à une décote de holding, la société Vivendi ne gardant plus que des participations minoritaires (hormis Gameloft). Les problèmes de la gouvernance actuelle resteront en outre entiers.