(AOF) - Les marchés européens ont fini sur une note positive une semaine marquée par l'augmentation des risques géopolitiques et la dégradation de la conjoncture sur le Vieux Continent. L'indice CAC 40 a progressé ce jour de 0,58% à 7255,01 points, limitant son repli sur la semaine à 0,20%. L'EuroStoxx50 a gagné 0,65% à 4786,94 points. Wall Street évolue dans le désordre : le Dow Jones grimpe de 0,54% et le Nasdaq Composite perd 0,15%.
La séance a pourtant débuté sous des auspices défavorables à la suite de l'annonce d'une contraction inattendue du secteur privé de la zone euro en novembre. L'indice des directeurs d'achat Composite, qui intègre ces deux secteurs est tombé à 48,1, soit un plus bas de 10 mois, après 50 en octobre, a indiqué S&P Global selon une première estimation. Un indice sous 50 signale une contraction du secteur.
Les services français et l'euro sous pression
La dégradation de la conjoncture a en particulier été sévère dans les services en France. "Selon les répondants, la baisse des nouvelles affaires enregistrée au cours du mois s'explique principalement par les incertitudes économiques et politiques actuelles", a expliqué à propos de ce secteur, Tariq Kamal Chaudhry, économiste à la Hamburg Commercial Bank. "Compte tenu de l'aggravation de la crise politique en France et de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, la forte détérioration des perspectives d'activité mise en évidence par les dernières données de l'enquête n'a rien d'étonnant".
Les taux longs ont reculé à la suite de ces statistiques et l'euro a poursuivi son repli, passant brièvement sous 1,04 dollar.
"Les chiffres publiés aujourd'hui donnent des raisons d'envisager une réduction de 50 points de base des taux directeurs de la BCE en décembre" a commenté Olivier Dubs, gérant senior chez J.P. Morgan Private Bank. Ce dernier s'attend à ce que la BCE réduise ses taux à chaque réunion d'ici l'été prochain pour les ramener à 1,75%. "La fragilité observée récemment soulève la question de savoir si ce taux final ne pourrait pas être plus bas que cela - en particulier si l'on tient compte des droits de douane potentiels sur les exportations européennes vers les États-Unis" avertit le gestionnaire.
Aux Etats-Unis, les statistiques économiques du jour sont mitigées. L'indice des directeurs d'achat pour le secteur manufacturier est passé de 48,5 à 48,8 entre octobre et novembre. Il était anticipé à 48,6. Celui pour le secteur des services est passé de 55 à 57. Il était vu à 55,2. En revanche, l'indice de la confiance des consommateurs de l'Université du Michigan est ressorti à 71,8 en novembre, contre un consensus de 73, après 73 en octobre.
L'augmentation du risque géopolitique
Cette semaine a aussi été marquée par le retour sur le devant de la scène des risques géopolitiques liés à l'Ukraine. Mardi, la Russie a approuvé une nouvelle doctrine élargissant l'usage de l'arme nucléaire et l'Ukraine a procédé à la première attaque en Russie au moyen des missiles américains ATACMS. Hier, la Russie a utilisé un nouveau missile à moyenne portée lors d'une attaque contre l'Ukraine et Vladimir Poutine a déclaré qu'il s'autorisait à frapper les installations militaires de tout pays dont les armes sont utilisées contre son pays.
Ce contexte anxiogène a bénéficié au baril de Brent et à l'or, qui ont progressé de tous les deux de 5,5% sur la semaine.
Pour sa part, le Bitcoin se rapproche inexorablement des 100 000 dollars, même s'il semblait caler en fin de semaine. Etant coté en continu, il pourrait réserver une bonne surprise à ses détenteurs au cours du week-end.
Au chapitre des valeurs, Thales a affiché l'un des plus forts replis du CAC 40 sur la semaine alors que le groupe de défense fait l'objet d'une enquête sur des soupçons de pots-de-vin et de corruption. Affichant un gain d'environ 10% en 5 séances, Soitec a rebondi car le groupe technologique français estime que le point bas de son cycle a été atteint au premier trimestre de l'exercice 2024-2025.