(AOF) - Stellantis démarre la semaine à la dernière place de l'indice CAC 40, reculant de 7,60% à 11,576 euros. Le groupe automobile a annoncé hier la démission "avec effet immédiat" de son PDG Carlos Tavares, qui devait prendre sa retraite début 2026, à la fin de son mandat. L’administrateur indépendant principal et ancien patron d'Axa, Henri de Castries évoque "des divergences de vues" avec le conseil d’administration. Artisan du redressement de PSA et d’Opel et de la création de Stellantis, dont les marges à deux chiffres impressionnaient, Carlos Tavares a vu son étoile pâlir rapidement en 2024.
Stellantis perd 45% depuis le depuis le 1er janvier - soit la seconde plus forte baisse du CAC 40 - après avoir notamment lancé le 30 septembre un important avertissement sur ses résultats 2024.
Selon Le Monde "c'est semble-t-il à cause de sa méthode – faite de pression maximale sur les équipes, de décisions radicales et d'évictions brutales", qui explique sa chute.
Le syndicat américain UAW salue par la voix de son leader Shawn Fain le départ de Carlos Tavares, "un pas important dans la bonne direction", qu'il demandait depuis plusieurs semaines pour "un groupe mal dirigé et des travailleurs maltraités depuis trop longtemps". Le dirigeant laisse derrière lui "des licenciements douloureux et des stocks de véhicules hors de prix laissés aux concessionnaires".
La vacance de la direction représente un défi sans précédent pour les investisseurs, souligne JP Morgan, jugeant que le marché "n'intégrera aucune amélioration majeure des bénéfices au cours de l'exercice 2025 tant que l'équipe de direction n'aura pas été remaniée". Le broker attend d'entendre John Elkann, président du conseil au titre de la famille Agnelli, premier actionnaire du groupe, évoquer "ses priorités à court terme".
UBS souligne de son côté que le processus de remplacement du PDG a été avancé d'environ 6 mois, ce qui "réduit la période d'incertitude". La banque suisse considère Stellantis comme le cas de redressement de constructeur le plus attrayant en 2025, malgré "des risques d'exécution supérieurs à la moyenne".
"Étant donné que l'entreprise a indiqué qu'elle pourrait avoir des vues stratégiques divergentes, nous nous demandons si une nouvelle orientation stratégique n'est pas en vue, ce qui créerait une incertitude pour les investisseurs jusqu'à ce qu'un nouveau directeur général soit nommé - un sujet sur lequel le marché spécule depuis un certain temps," a pour sa part réagi Morgan Stanley.
Qui remplacera Carlos Tavares ?
Stellantis, qui détient les marques Peugeot, Fiat et Jeep, a abaissé fin septembre ses objectifs 2024 : une marge opérationnelle courante prévue entre 5,5 % et 7% en baisse par rapport à la marge opérationnelle courante à " deux chiffres " visée précédemment et un free cash-flow industriel : prévu entre -5 milliards et -10 milliards d'euros, par rapport au free cash-flow industriel " positif " visé auparavant. Ils ont été confirmés hier soir.
"Le processus de nomination du nouveau CEO permanent, géré par un comité spécial du conseil d'administration, est en bonne voie et aboutira au cours du premier semestre de 2025", précise le groupe. Dans l'intervalle, un nouveau comité exécutif temporaire, présidé par John Elkann, sera mis en place.
Comme candidats potentiels pour remplacer Carlos Tavares, JP Morgan cite notamment le patron de Renault, Luca de Meo, mais aussi Maxime Picat, responsable des achats et de l'approvisionnement de Stellantis et Antonio Filosa, responsable de l'activité en Amérique du Nord.