(AOF) - Corinne Fornara est directrice financière d'AccorInvest, groupe non coté qui est en partie hôtelier et en partie propriétaire immobilier. Issue du pôle immobilier du groupe Accor, cette société née en 2017 n'est plus détenue qu'à 30% par Accor. Dans un entretien accordé à AOF, Corinne Fornara détaille le business model particulier de son groupe, qui est aujourd’hui reconnu par le marché.
Votre modèle est original dans le secteur de l'hospitalité : vous êtes en partie hôtelier et en partie propriétaire immobilier ?
AccorInvest détient 662 hôtels à fin septembre : nous en détenons les murs pour 50%, et louons l'autre moitié et nous détenons l'ensemble des fonds de commerce.
Nous avons donc un compte de résultat d'exploitant hôtelier, avec un chiffre d'affaires à fin septembre cumulé de 3,1 milliards. Nos charges sont également des charges d'hôtelier, la première d'entre elle étant la masse salariale. Nous payons les loyers, nous ne les facturons pas.
Notre bilan en revanche est celui d'un propriétaire, avec une valeur d'actifs de plus de 8 milliards d'euros. Nous sommes donc à la fois propriétaire et exploitant, un modèle unique en Europe, et leader en Europe sur ce modèle.
Ce business model a-t-il été mis à l'épreuve par les aléas de conjoncture ces dernières années?
C'est justement notre business model agile qui nous a permis de faire face à ces aléas de conjoncture. AccorInvest a beaucoup souffert de la crise sanitaire, et cela a nécessité une forte restructuration en 2021. La crise passée, nous avons vécu un rebond comme tout le secteur hôtelier, mais nous avons également dû encaisser l'augmentation des taux d'intérêt après la vague d'inflation.
D'où votre stratégie actuelle axée sur les cessions et le recentrage…
Nous voulons nous concentrer sur l'Europe et les segments économique et milieu de gamme, car c'est là que la demande est la plus forte. En 2023, nous avons lancé un plan de cessions de 1,7 milliard d'euros concernant les actifs qui ne rentrent pas dans ces critères stratégiques, avec pour objectif la réduction du montant de la dette.
Nous avons également procédé à une revue de notre modèle d'opérateur, ainsi qu'à l'identification des couts fixes et variables. Il s'agit pour le groupe de contrôler ses coûts pour les rendre les plus variables possibles et augmenter ses marges.
Les premiers résultats de cette stratégie sont-ils positifs ?
Le chiffre d'affaires sur les neuf premiers mois de l'année est de 3,1 milliards d'euros, en baisse après les cessions, mais en augmentation à données comparables. L'Ebitda est proche de 500 millions d'euros et augmente malgré les cessions d'actifs, avec 1 point de marge supplémentaire. Le plan de transformation démontre son efficacité.
Comment cela se traduit-il concrètement ?
Nous avons réussi nos deux émissions obligataires en octobre et novembre derniers. Ce test a été concluant : notre modèle est compris et acheté par le marché, comme en témoigne le fait que l'émission d'octobre a été sursouscrite six fois et celle de novembre deux fois.
Envisagez-vous une cotation prochainement ?
Cette décision appartient aux actionnaires. Accor a confirmé son désir de céder sa participation de 30% au capital et la cotation est une des façons d'y procéder.
Quels sont vos projets pour 2025 ?
Nous allons continuer d'assainir la structure financière de la société. Nous envisageons des opérations visant à augmenter la valeur des actifs par exemple avec des rachats de contrats de lease afin de devenir propriétaires des murs d'hôtels que nous exploitons. Nous visons également une amélioration du compte de résultat.
Quel regard jetez-vous sur l'année écoulée ?
L'année 2024 a été une année pivot avec la reconnaissance par le marché du business model d'AccorInvest. Les résultats concrets de notre plan de transformation permettent d'améliorer notre rentabilité, tout en réduisant notre endettement.