L’incertitude pèse sur la reprise espérée sur le mid-market européen. L’activité M&A sur le segment des PME de la zone euro a baissé au premier trimestre de 20 % en volume et de 35 % en valeur par rapport au dernier trimestre 2024, selon l’Argos Index réalisé par le fonds d’investissement Argos Wityu et la plateforme Epsilon Research. « Malgré un contexte plus favorable à l’endettement, les opérations ont reculé en raison des incertitudes économiques et des demandes de liquidité émanant des investisseurs, explique Pierre Cassignol, directeur participation au sein d’Argos Wityu. Nous observons ainsi une pression à la baisse sur le prix des transactions réalisées. »
Le prix des PME non cotées européennes a en effet chuté à 9,5x l’Ebitda au premier trimestre, contre 9,8x l’Ebitda fin 2024. Cette baisse interrompt ainsi la hausse entamée en 2024 sur le mid-market de la zone euro. « Nous percevons une forme d’attentisme marquée par un report des décisions d’investissements et de cessions, constate Louis Godron, président d’Argos Wityu. Le premier trimestre était déjà marqué par des signes annonciateurs de la politique mise en place par l’administration Trump et nous nous attendons à des effets encore plus visibles au deuxième trimestre. »
Les multiples payés par les fonds d’investissement ont ainsi reculé à 10x l’Ebitda au premier trimestre quand ceux déboursés par les acquéreurs entreprises s’affichaient à 9,2x l’Ebitda. Le début de l’année 2025 a notamment été marqué par une légère hausse des opérations réalisées pour des multiples inférieurs à 7x l’Ebitda qui représentent 23 % du total des transactions, contre 20 % au dernier trimestre 2024. De plus, les opérations conclues pour des multiples supérieurs à 15x l’Ebitda chutent à 9 %, contre 13 % fin 2024, témoignant d’une pression à la baisse sur les prix. « Malgré le contexte qui pèse sur différents secteurs, beaucoup d’entreprises servent uniquement le marché européen et seront donc moins affectées par les incertitudes, indique Louis Godron. L’Europe pourrait d’ailleurs devenir un havre de paix pour les investisseurs car les règles y sont stables et l’UE est perçue comme une destination rassurante. » Si l’activité M&A du mid-market européen profite également d’une moindre sensibilité à la volatilité des marchés, elle pourrait tout de même ralentir au cours des prochains mois en raison de la hausse des taux longs.