La direction finance, à l’instar des autres directions, connaît depuis plusieurs années une transformation profonde : automatisation des processus, généralisation des outils SaaS, externalisation croissante de services autrefois considérés comme cœur de métier. Ainsi sont désormais souvent externalisés le traitement de la paie, la tenue comptable, la production des états financiers, l’hébergement des factures et la consolidation cloud. Ce virage numérique, souvent conduit à l’initiative ou sous la supervision de la direction administrative et financière (DAF), répond à une logique d’efficacité : confier à des prestataires spécialisés les tâches à faible valeur ajoutée pour mieux se concentrer sur le pilotage financier et la création de valeur.
Mais cette dynamique d’externalisation, aussi rationnelle soit-elle d’un point de vue économique, n’est pas sans risque sur le plan juridique. Dans un contexte marqué par le renforcement constant des exigences en matière de protection des données personnelles, la délégation de la gestion d’informations stratégiques – qu’elles soient sensibles sur le plan social ou économique (par exemple, les bulletins de paie, les coordonnées bancaires, les déclarations sociales ou les écritures comptables nominatives) – fait peser une responsabilité accrue sur l’entreprise donneuse d’ordres.
En effet, le règlement général sur la protection des données à caractère personnel (RGPD) impose à l’entreprise, en tant que responsable du traitement, de garantir la sécurité, la conformité et la traçabilité de chaque opération, même lorsqu’elle est techniquement exécutée par un sous-traitant. La délégation fonctionnelle ne s’accompagne d’aucun transfert automatique ou contractuel de responsabilité juridique : en cas de fuite ou de mauvaise gestion, c’est bien l’entreprise cliente, et donc par ricochet son DAF, qui sera tenue de rendre des comptes devant les autorités de contrôle, les partenaires sociaux, ses propres clients ou les tribunaux.
Ce constat soulève un double enjeu : de conformité tout d’abord, parce que la réglementation exige une gouvernance contractuelle et technique rigoureuse. De réputation, ensuite, parce qu’un incident de sécurité portant sur la paie ou la comptabilité peut...