« Don’t fight the BoJ »

Publié le 13 septembre 2024 à 17h20

Jean-Thomas Heissat    Temps de lecture 3 minutes

Après avoir mis fin à sa politique de taux négatif en mars dernier, la BoJ continue de faire parler d’elle et a mis le feu aux poudres à l’issue de son dernier comité de politique monétaire. Si la réduction de son programme d’achats d’actifs avait largement été pré-annoncée, la banque centrale a néanmoins créé la surprise en relevant concomitamment son taux directeur fin juillet. Et comme pour enfoncer le clou, le revirement très « hawkish » de Kazuo Ueda a pris de court les investisseurs jusqu’ici habitués à une posture très prudente de la part du gouverneur de la BoJ. Ce dernier a ainsi clairement minimisé l’impact de ces hausses de taux sur l’économie nippone, tout en s’engageant à poursuivre la normalisation de la politique monétaire.

Alors que les interventions (surprises elles aussi) du ministère des Finances mi-juillet n’avaient eu qu’un impact modéré sur la devise, ce durcissement de ton de la banque centrale a provoqué un violent rebond du yen – mouvement par ailleurs accentué par les craintes de ralentissement de l’économie américaine. Mais alors que la devise japonaise était de longue date utilisée pour le financement de stratégies dites de « carry trade », l’onde de choc liée au débouclement des positions vendeuses sur le yen s’est mécaniquement propagée à de nombreuses classes d’actifs, actions japonaises et américaines en tête. Le 5 août dernier, l’indice Topix a ainsi connu sa pire séance depuis 1973, à -12,2 %, avant d’effacer en partie ses pertes au cours des jours suivants.

Ce vent de panique n’a donc été qu’un bref épisode, mais devrait cependant marquer les investisseurs et ancrer de nouvelles anticipations – à l’appréciation cette fois – sur la devise japonaise. Le rebond récent de l’économie japonaise et le retour d’une inflation en ligne avec la cible de 2 % justifient en effet la poursuite de la normalisation de la BoJ. Cette dernière pourrait cependant marquer une courte pause sans que cela ne soit interprété comme un aveu de faiblesse, d’autant que la Fed devrait en parallèle initier une nouvelle phase de baisse de taux – impliquant de facto une réduction de l’écart de rendement entre les deux économies. Si un choc similaire à celui du mois d’août paraît peu probable au vu de la fonte récente des positions spéculatives sur le yen, les problématiques de flux continueront donc d’occuper une place centrale au cours des mois à venir, en particulier l’épineux sujet du rapatriement des actifs étrangers détenus par les investisseurs japonais.

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