Au plus bas depuis 2007, le renminbi reste sous pression
La divergence entre les deux principales économies mondiales ne fait que s’accroître, mouvement qui s’est nettement accéléré sur la période récente. En Chine, les autorités ont multiplié les annonces de soutien depuis la fin du mois de septembre afin de redynamiser une économie en proie à des pressions déflationnistes accrues et une crise immobilière persistante. L’année 2025 sera marquée par plus de stimulus budgétaire, mais également par la poursuite de l’assouplissement monétaire engagé par la PBoC.
Cette dernière a officialisé ce basculement vers une politique monétaire accommodante, événement inédit depuis 2008. En comparaison, la vigueur de l’économie américaine contraste. En effet, le coup d’arrêt récent à la désinflation et les incertitudes liées aux politiques de la future administration vont pousser la Fed à être nettement plus prudente.
Ces trajectoires divergentes sont aisément observables sur la sphère financière. La baisse des rendements des titres souverains chinois – déjà au plus bas depuis 20 ans – s’est accélérée depuis le Politburo du mois de décembre. Au quatrième trimestre, le taux à 10 ans chinois a chuté de près de 50 points de base pour finir l’année à 1,68 %. Respectivement, le rendement des T-Notes progressait de près de 80 bps à 4,57 % sur la même période, tiré à la hausse par la possibilité de politiques plus inflationnistes. L’écart de rendement à 10 ans entre les Etats-Unis et la Chine atteint des sommets historiques et vient de dépasser les 300 bps en faveur des titres américains. Pour mémoire, un écart d’un ordre de grandeur équivalent pouvait être observé vers le milieu de l’année 2020… mais en faveur des titres chinois !
Dans ce contexte, le renminbi a retrouvé des niveaux proches des plus bas depuis 2007 et a même récemment franchi la barre des 7,30 contre USD. Les pressions à la dépréciation de la devise chinoise restent fortes, comme en témoigne la parité CNY-USD actuellement à la limite de la fourchette de fluctuation autorisée de 2 %. Les investisseurs s’attendent ainsi à ce que Pékin dévalue sa monnaie en cas de hausses des droits de douane par Donald Trump. Depuis sa réélection, la PBoC a jusqu’à présent maintenu quasi inchangé le taux de change officiel et réaffirmé sa volonté de maintenir une devise stable et forte. Pour autant, une telle posture sera difficile à maintenir dans un scénario de guerre commerciale ouverte avec le nouveau président des Etats-Unis.
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