La BCE à la manœuvre
Pour la deuxième fois en trois mois, la BCE a annoncé de nouvelles mesures d’assouplissement de sa politique. D’une part, les taux directeurs ont encore été abaissés : le principal d’entre eux est désormais quasi nul et déposer des liquidités auprès de la Banque centrale coûtera plus cher aux banques. Faible, ce nouveau recul n’aura d’impact direct ni sur l’activité ni sur l’inflation. D’autre part, la BCE s’engage dans un programme d’achat d’«actifs privés» : elle va acheter des titrisations de crédits aux entreprises et aux ménages ainsi que, comme déjà en 2010 et en 2011, des obligations bancaires sécurisées. Il s’agit à la fois de fournir des liquidités au système financier et, en favorisant la renaissance d’un véritable marché de la titrisation, de permettre aux banques d’augmenter leur production de crédit sans dégrader outre mesure leurs ratios de liquidité et de solvabilité.
Comme l’ensemble des instruments non conventionnels utilisés par la BCE, ces mesures visent à favoriser l’offre de crédit. Or, celles-ci se sont déjà nettement améliorées ces derniers mois. Mais la BCE n’a pas les moyens de relancer la demande de prêt des entreprises et des ménages. Elle tente donc de provoquer un regain de confiance des agents économiques. Avec cette nouvelle baisse des taux directeurs, le message envoyé aux agents non financiers comme aux banques est clair : les taux ne baisseront plus ; il est donc inutile de repousser d’éventuels projets dans l’attente d’une nouvelle réduction des coûts de financement.
En attendant, ces nouvelles annonces ont renforcé la tendance baissière de l’euro sur le marché des changes, ce dont Mario Draghi ne peut que se féliciter.
Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.