Directions financières

La reprise des recrutements se confirme

Publié le 11 septembre 2015 à 18h07

Guillaume Clément

La légère reprise des embauches constatée en 2014 au sein des directions financières s’est renforcée depuis le début de l’année. Les créations de postes sont notamment reparties à la hausse, même si les fonctions de «top management» bénéficient moins de cette tendance.

«ETI recherche contrôleur de gestion», «groupe international recrute responsable comptable expérimenté», «PME propose poste de directeur financier»… Comme en témoignent ces offres d’emplois actuellement publiées sur Internet, les recrutements au sein des directions financières confirment leur reprise en cette rentrée 2015. Alors que 2014 avait déjà été marquée par le retour d’un dynamisme modéré sur ce marché, la tendance s’est en effet accélérée depuis le début de l’année, selon les professionnels. «Il serait exagéré de parler d’une forte reprise des embauches, mais nous avons indéniablement constaté une augmentation du nombre d’offres sur le marché depuis l’an dernier», indique Aude Boudaud, manager au sein de la division finance de Robert Walters.

Signe révélateur de cette tendance, plusieurs cabinets de recrutement indiquent avoir vu leur nombre de mandats augmenter de 10 % à 20 % en douze mois. Ces pourcentages doivent toutefois être relativisés. «Cet indicateur ne signifie pas que les embauches ont progressé dans des proportions similaires au sein des directions financières, avertit Mikaël Deiller, manager exécutif senior chez Michael Page. Certaines sociétés recrutent en effet leurs collaborateurs par leurs propres moyens, tandis que d’autres confient le même mandat à plusieurs cabinets de recrutement. Mais ces chiffres reflètent tout de même l’évolution générale positive du marché.»

Davantage de créations de postes

Autre signal encourageant, les créations de postes ont été plus nombreuses que l’année précédente au sein des directions financières. «Elles représentent actuellement environ 55 % de nos mandats, contre à peine 40 % en 2014», illustre Bruno Fadda, directeur chez Robert Half. Cette tendance, confirmée par les autres cabinets de recrutement, s’explique avant tout par l’amélioration des résultats de nombreuses sociétés et par un changement d’attitude au sein de leurs directions. «La confiance des dirigeants d’entreprises s’est améliorée, tant sur les perspectives de leur société que sur l’évolution de la conjoncture économique, affirme Isabelle Billy, responsable du bureau de Versailles de Fed Finance. Dans ce contexte, ils lancent ainsi de nouveaux projets nécessitant de renforcer leurs équipes financières.»

Différents profils sont recherchés, en fonction de la taille des sociétés. D’un côté, les PME et les ETI, en particulier celles sous LBO, ont généré la majeure partie de la demande pour les postes de directeur financier (voir encadré).

De l’autre, les grands groupes se sont surtout focalisés sur des recrutements de cadres financiers «intermédiaires» (middle management). Comme en 2014, les candidats les plus recherchés par ceux-ci sont les consolideurs, les contrôleurs de gestion industriels et les comptables «aux compétences étendues» (voir encadré).

Les «super-comptables» restent très prisés

• D’après les cabinets de recrutement, la demande des entreprises pour des comptables «aux compétences étendues» ne faiblit pas depuis un an, bien au contraire. «Deux profils sont particulièrement recherchés actuellement, indique Bruno Fadda, directeur chez Robert Half. Il s’agit d’une part des responsables comptables groupe en charge d’un périmètre de filiales françaises et/ou internationales. Ils ont notamment pour mission de piloter les remontées d’informations des équipes comptables locales et doivent, pour ce faire, disposer de compétences variées, tant en comptabilité générale qu’en consolidation statutaire et en normes internationales. Mais les entreprises leur demandent en outre de pouvoir intervenir sur des opérations complexes comme des fusions-acquisitions, des valorisations de titres ou encore la mise en place de cash-poolings. D’autre part, nous avons toujours un volume soutenu de demandes de PME et d’ETI concernant des profils opérationnels capables de prendre en charge des tâches courantes de comptabilité générale et auxiliaire, de fiscalité, de gestion de la paie, etc.»

• Mais les candidats répondant à l’ensemble de ces critères restent toutefois rares… et ceux qui peuvent s’en prévaloir ont de plus en plus souvent d’autres ambitions ! «Nombre de ces collaborateurs aspirent davantage à exercer des postes de responsable administratif et financier au sein de PME plutôt qu’à intégrer les centres de services partagés de groupes internationaux», constate Valérie Kolloffel-Clavert, chasseur de talents chez Nicholas Angell.

Deux types de profils très prisés

En revanche, quelques profils moins demandés ces dernières années font actuellement l’objet d’un regain d’intérêt de la part des recruteurs. Il s’agit, tout d’abord, des fonctions directement impliquées dans les opérations de «haut de bilan» (financement, fusions-acquisitions, réorganisation structurante, etc.). «Nous avons participé au recrutement de plusieurs directeurs de fusions-acquisitions depuis janvier dernier, alors que cela avait moins été le cas en 2014, indique Mikaël Deiller. Plusieurs sociétés nous ont aussi sollicités pour embaucher des analystes dans ce domaine, afin de rechercher et d’évaluer des opportunités de croissance externe.» En parallèle, les profils de contrôleurs financiers ont également connu un engouement significatif. «Cette tendance est directement liée à la volonté de nombreuses entreprises d’employer des collaborateurs à la fois experts dans des domaines très techniques, comme la fiscalité ou les normes IFRS, mais qui soient aussi capables d’encadrer des équipes opérationnelles et d’assurer la fiabilité des remontées de cash et d’informations», explique Valérie Kolloffel-Clavert, chasseur de talents chez Nicholas Angell.

A moins d’une dégradation brutale de l’environnement macroéconomique, les cabinets de recrutement s’attendent à ce que le marché de l’emploi concernant les fonctions financières poursuive son amélioration au cours des prochains mois. En termes d’embauches, 2015 pourrait alors se distinguer comme étant l’année la plus dynamique depuis la crise des subprimes.

Une situation en demi-teintes pour les directeurs financiers

• Bien que restant limitée, l’offre d’emplois concernant les postes de directeur financier a connu une hausse sensible depuis septembre 2014. Les PME et des ETI ont principalement porté la demande pour ce type de profils. «Nous avons constaté un regain des créations de postes au sein de cette catégorie de structures, qui ont besoin de renforcer leurs équipes, soit afin d’assurer leur croissance, soit au contraire pour mettre en place des plans de retournement», indique Valérie Kolloffel-Clavert, chasseur de talents chez Nicholas Angell.

• Compte tenu du nombre plus important de directeurs financiers sur le marché qu’avant la crise des subprimes, un nombre croissant d’entre eux se résignent à faire des concessions concernant leur rémunération. «Nous rencontrons de plus en plus de directeurs financiers qui ont pu être rétribués jusqu’à 250 000 euros considérer des offres proposant un salaire de 100 000 euros», illustre Mikaël Deiller, manager exécutif senior chez Michael Page.

• Si les rémunérations des directeurs financiers enregistrent une pression à la baisse, ce n’est toutefois pas le cas de l’ensemble de la fonction finance. D’après plusieurs professionnels, la majorité des recruteurs et des candidats s’alignent sur les prix du marché, c’est-à-dire entre 45 000 euros et 120 000 euros concernant les cadres intermédiaires (middle management).

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