Stratégie

Les chantiers des directeurs financiers en 2018

Publié le 26 janvier 2018 à 14h52    Mis à jour le 26 janvier 2018 à 17h56

La rédaction d'Option Finance

Afin de tirer profit de l’accélération de l’activité économique mondiale, notamment en France, les entreprises projettent de mettre l’accent en 2018 sur leur développement, en particulier sur le plan externe. De quoi fortement mobiliser les directeurs financiers interrogés par Option Finance, pour qui l’amélioration des reportings continue de figurer au rang de priorités. Face à la perspective de remontée des taux d’intérêt et d’entrée en vigueur de nouvelles normes IFRS, les problématiques liées au financement et à la comptabilité vont également focaliser l’attention des responsables financiers.

En janvier 2017, les directeurs financiers abordaient leur nouvel exercice comptable avec sérénité. L’année leur a donné raison. Après un millésime 2016 marqué par une activité économique atone et par des événements politiques aux fortes répercussions sur les marchés financiers (Brexit, élection de Donald Trump…), la plupart des entreprises françaises ont bénéficié de l’embellie conjoncturelle et de la baisse de la volatilité pour doper leurs résultats. Alors que la reprise est appelée à s’accélérer, notamment en France, la tendance s’annonce encore plus favorable pour 2018, comme le laisse espérer le relèvement récent des prévisions de croissance de plusieurs instituts ou institutions à l’instar du FMI et de la Banque de France. Conséquence directe : les enveloppes consacrées aux investissements (opex, capex, acquisitions…) ont le plus souvent été revues à la hausse dans les budgets.

L’intelligence artificielle en ligne de mire

Dans ce contexte, la feuille de route des responsables financiers s’en trouve toute tracée. «Comme c’est le cas depuis que nous réalisons une étude annuelle sur les priorités des directeurs financiers, c’est-à-dire depuis six ans, le pilotage de la performance continue de s’imposer cette année comme leur priorité numéro 1, quelle que soit la taille de la société dans laquelle ils exercent», observe Pascal Corcos, associé chez PwC, responsable des activités de conseil pour les directions financières. Ce constat est corroboré par les directeurs financiers interrogés par Option Finance. Dans la continuité des chantiers initiés ou bouclés l’an dernier, ceux-ci envisagent en effet d’optimiser leurs indicateurs financiers et leurs reportings, de manière à mieux accompagner les équipes opérationnelles et à simplifier la tâche du management dans sa prise de décisions. Un objectif d’autant plus incontournable que l’intégration des entités récemment acquises ou en passe de l’être nécessite une revue et une harmonisation des instruments de pilotage utilisés au niveau du groupe.

Pour y parvenir, plusieurs directeurs financiers comptent ainsi s’appuyer sur le big data et l’intelligence artificielle. «La transformation digitale de la fonction finance est de plus en plus perçue comme un levier indispensable pour gérer plus finement le développement des entreprises», insiste Pascal Corcos. De quoi se traduire par la mise en œuvre de lourds projets informatiques, avec par exemple le remplacement d’ERP existants par des outils à la pointe de la technologie.

Une refonte comptable des contrats de leasing

En parallèle, l’attention des responsables financiers va être accaparée par des sujets plus classiques. Alors qu’un durcissement de la politique monétaire menée par la BCE pourrait intervenir au cours du quatrième trimestre ou début 2019, les économistes anticipent une remontée graduelle des taux d’intérêt de moyen et long termes cette année. Afin de bloquer les conditions d’emprunt les plus attractives possibles, plusieurs DAF entendent soit renouveler des lignes de crédit existantes, soit se constituer un matelas de cash dans l’optique de financer la croissance de leur entreprise. A cela s’ajoute enfin un autre dossier prioritaire : la mise en conformité des états financiers avec les nouvelles obligations comptables. A compter de cette année, IFRS 15 et IFRS 9 entraînent des changements importants sur le traitement comptable respectivement des revenus et des créances clients, qui doivent encore être finalisés dans de nombreux groupes. Mais l’essentiel de la charge de travail tiendra à l’entrée en vigueur l’an prochain de la norme sur les contrats de location (IFRS 16) : imposant la comptabilisation au bilan du preneur de tous les contrats de location, celle-ci est qualifiée de «big bang» par plusieurs spécialistes.

Arnaud Lefebvre

Philippe Capron, directeur général adjoint en charge des finances, Veolia

  • Secteur d’activité : gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie
  • Chiffre d’affaires 2016 : 24,4 milliards d’euros

1 - Les chantiers de l'année

La transformation de la fonction finance, qui va probablement avoir lieu au cours des quatre prochaines années, va s’inscrire au centre de nos priorités. Alors que les méthodes de travail se trouvent actuellement bouleversées par l’automatisation des processus ainsi que par l’essor du big data et de l’intelligence artificielle, nous allons chercher à optimiser certaines de nos pratiques en digitalisant quelques tâches et en recourant notamment à des data scientists. Le traitement de la comptabilité fournisseurs et les arrêtés comptables seront par exemple concernés. L’intérêt est triple : améliorer la productivité des équipes, réduire les coûts mais aussi gagner en fiabilité grâce à une moindre manipulation humaine des données. En parallèle, nous veillerons à poursuivre une croissance externe «maîtrisée». Certes, Veolia dispose de marges de manœuvre pour accélérer son développement, mais les prix de nombreuses cibles font ressortir des multiples d’acquisition trop élevés à nos yeux. Cette situation nous conduit donc à affiner notre approche dans le but de dénicher des entreprises plus petites, moins onéreuses en termes de multiples, qui ne figurent pas le plus souvent sur l’écran radar des banques d’affaires. Enfin, l’optimisation de notre coût de financement restera un sujet majeur, surtout dans un environnement dans lequel les taux pourraient commencer à remonter sous l’effet de l’embellie économique et la mise en œuvre d’une politique monétaire moins accommodante en Europe. Même si nous nous finançons jusqu’à six mois à – 0,35 % en moyenne et si nous avons émis récemment des obligations convertibles et même sèches assorties d’un rendement négatif, notre endettement affiche toujours un taux moyen légèrement inférieur à 5 %.

2 - Les perspectives sectorielles

Tandis que nos activités à destination des collectivités sont peu cycliques, celles réalisées pour des clients industriels bénéficient d’un contexte porteur : conjoncture mieux orientée en Europe et toujours dynamique dans le reste du monde, adoption de réglementations à l’international favorables au développement vert qui ouvrent de nouvelles opportunités de business… Nous sommes donc résolument optimistes pour cette année.

A.L.

Denis Hermesse, directeur financier, Compagnie des Alpes

  • Secteur d’activité : loisirs
  • Chiffre d’affaires 2017 : 762 millions d’euros

1 - Les chantiers de l'année

L’année dernière, nous avons refinancé notre dette obligataire sous forme d’un USPP, d’un Euro PP et de deux crédits bancaires pour un total de 200 millions d’euros, et renégocié notre crédit revolving de 250 millions d’euros. Ce refinancement nous a permis de répondre à plusieurs objectifs : l’allongement de notre dette jusqu’à 10 ans, la réduction de notre coût d’endettement moyen de 40 %. La performance des années passées et ce refinancement vont permettre au groupe de saisir toute opportunité d’acquisition et de participer à la consolidation du secteur des loisirs. A ce titre, nous venons de finaliser le 19 janvier dernier l’acquisition du tour-opérateur en ligne, Travelfactory, dont nous avons pris 73 % du capital, avec une option d’achat sur les 27 % restants à horizon quatre ans. Ses comptes devront être intégrés et consolidés dans nos états financiers avant la clôture du deuxième trimestre, qui aura lieu fin mars. Ensuite, nous nous attellerons à son intégration stratégique et opérationnelle.

Le second chantier principal de cette année va concerner l’harmonisation et l’automatisation des indicateurs de performance de nos différents sites. Jusqu’à présent, nos outils de vente et de billetterie étaient différents d’un parc à un autre. L’installation d’outils communs au niveau du groupe va permettre à nos contrôleurs de gestion d’aller plus loin dans leur analyse (panier moyen client, taux de fréquentation…), et de bénéficier de données homogènes au jour le jour.

Par ailleurs, dans le cadre du passage à la norme IFRS 16 sur les contrats de location, nous sommes en train de travailler sur le retraitement de certains contrats spécifiques (parcs en baux emphytéotiques, location des Musées Grévin à l’étranger…). Cependant, cette norme n’aura aucun impact sur nos covenants bancaires.

Enfin, nous allons continuer à investir dans la modernisation et l’agrandissement de nos infrastructures, pour lesquelles près de 200 millions d’euros sont prévus en 2018.

2 - Les perspectives sectorielles

Le marché du ski comme celui des parcs de loisir sont encore fragmentés, ce qui offre à certains acteurs, dans un mouvement naturel de consolidation que l’on observe aujourd’hui, des opportunités de projets d’acquisitions de sites. Celui des parcs, en particulier, est un secteur en croissance sur lequel la Compagnie des Alpes a réalisé une progression de plus de 31 % de son chiffre d’affaire au cours des quatre dernières années.

A.T.

Nicolas Tissot, directeur financier, Bureau Veritas

  • Secteurs d’activité : tests, inspection et certification (TIC)
  • Chiffre d’affaires 2016 : 4,55 milliards d’euros

1 - Les chantiers de l'année

Nous avons renoué avec une croissance organique significative en 2017 en accélérant comme prévu au second semestre, et ce avec un niveau de marge toujours élevé. En 2018, nous continuerons dans cette direction tout en mettant fortement l’accent sur la génération de cash. Conformément à l’engagement pris à l’égard de nos actionnaires lors de nos journées investisseurs de décembre dernier, nous avons lancé un programme spécifique appelé «Move for Cash». Il vise notamment à améliorer notre politique de recouvrement. Dans la mesure où notre besoin en fonds de roulement représente environ 10 % de notre chiffre d’affaires, sa réduction constitue un enjeu majeur. En parallèle, nous accélérons le déploiement de notre nouvel ERP finance, FLEX. C’est un projet d’ampleur – Bureau Veritas est présent dans 136 pays – qui est essentiel pour moderniser, enrichir et industrialiser nos reportings afin d’améliorer encore le pilotage du groupe. Enfin, nous serons actifs en matière de financement, à la fois pour saisir l’opportunité de conditions de marché favorables pour anticiper sur certaines de nos échéances, réduire nos taux et allonger nos maturités, en particulier s’agissant de notre ligne de crédit syndiqué qui arrivera à échéance en avril 2019. Cette démarche permettra aussi d’assurer le financement de notre croissance externe (acquisitions) et interne (investissements).

2 - Les perspectives sectorielles

Après avoir pâti ces dernières années de l’impact de plusieurs marchés cycliques, en particulier ceux de la construction, puis des matières premières (métaux et minéraux, pétrole et gaz), mais aussi plus récemment de la construction navale, Bureau Veritas a vu son environnement sectoriel s’améliorer progressivement au cours de l’année 2017. Les marchés du TIC devraient rester bien orientés cette année et notre stratégie de croissance vise des segments porteurs. Ainsi la cybersécurité, l’agro-alimentaire, les objets et véhicules connectés devraient doper l’activité.

A.L.

Long Nguyen, directeur financier, Tokheim Services Group

  • Secteur d’activité : services aux stations-service et stations-lavage
  • Chiffre d’affaires 2017 : 540 millions d’euros

1 - Les chantiers de l’année

En 2016, Tokheim a cédé au groupe américain Dover ses activités dédiées à la fabrication de distributeurs de carburant et de systèmes de paiement. Rebaptisée Tokheim Services Group (TSG), l’entreprise s’est positionnée depuis sur le marché des services aux stations-essence, stations-lavage et bornes de recharge électrique. Elle a évolué d’une organisation industrielle verticale et intégrée, fabriquant et distribuant ses propres produits, vers une entité horizontale chargée de la commercialisation et de la maintenance de produits fabriqués par des entreprises tierces. Dans le cadre de ce changement de périmètre, nous avons redéfini un certain nombre de nos indicateurs de performance et continuerons d’affiner ce travail cette année. En 2018, le montant alloué à nos investissements d’exploitation, dédiés principalement au renouvellement d’une partie des contrats de leasing de nos véhicules utilitaires et à l’embauche de nouveaux techniciens qualifiés, devrait avoisiner les 10 millions d’euros. TSG ayant signé l’an dernier un accord de partenariat stratégique avec Kärcher dans la distribution et la maintenance des équipements de lavage automobile, des ressources devront être allouées dans les prochains mois au développement et à la rentabilisation de cette activité. Tous ces investissements seront autofinancés par le groupe. Sur le plan comptable, nous préparons dès aujourd’hui l’entrée en vigueur, en janvier prochain, de la norme IFRS 16, un travail fastidieux compte tenu du nombre et de la diversité de nos contrats de location. Enfin, d’ici à avril 2019 (date de clôture de notre exercice 2018), la direction financière de TSG devrait fusionner ses outils de consolidation, de reporting et d’analyse de données en une seule solution Saas.

2 - Les perspectives sectorielles

Le marché de la distribution de carburant est très mature. Ses acteurs, qu’il s’agisse des pétroliers ou de la grande distribution, investissent aujourd’hui essentiellement dans le remplacement, la maintenance ou l’adaptation de leurs équipements aux normes environnementales et de sécurité. S’il profite de cette récurrence, Tokheim Services Group se tourne également vers une activité porteuse, susceptible de doper sa croissance : l’installation de bornes électriques et la fourniture de services associés. La France offre à ce titre de belles perspectives : le pays pourrait compter 100 000 points de recharge accessibles au public en 2020 contre 20 000 aujourd’hui.

T.F.

Christophe Gouthière, directeur général finance gestion, Autodis Group

  • Secteur d’activité : distribution de pièces détachées pour véhicules légers et poids lourds
  • Chiffre d’affaires 2016 : 1,28 milliard d’euros

1 - Les chantiers de l'année

Après avoir bouclé des acquisitions significatives en Italie et au Benelux en 2017, Autodis Group va continuer de se montrer actif en matière de croissance externe. Dans ce contexte, l’une des priorités de la direction finance gestion consistera à accompagner ce développement, du début du processus (identification des cibles) jusqu’à sa fin (intégration des entités acquises). Alors que nous projetons dans notre business plan d’atteindre un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros sur un horizon de quatre à cinq ans, contre près de 1,4 milliard actuellement, nous pourrions réaliser jusqu’à 600 millions d’euros d’acquisitions sur cette période, dont au moins 100 millions en 2018. Recouvrant plusieurs chantiers, la transformation de la fonction finance focalisera également notre attention. L’accent sera mis sur plusieurs axes d’optimisation, comme par exemple la digitalisation des processus transactionnels et celle du pilotage de la performance via notamment le recours au big data, de manière à pouvoir disposer d’une information plus exhaustive et de meilleure qualité. Enfin, le troisième axe qui va largement nous mobiliser tient à des missions régaliennes (communication financière, contrôle de gestion…) et, surtout, à l’entrée en vigueur imminente de nouvelles normes comptables : IFRS 15 sur les revenus, IFRS 9 sur la comptabilisation des créances commerciales et IFRS 16 sur le traitement des contrats de location auront en effet des incidences sur nos états financiers.

2 - Les perspectives sectorielles

Tandis que le marché européen des ventes de pièces détachées pour les véhicules légers, qui est très mature, croît faiblement depuis plusieurs années (entre + 1 % et + 1,5 % l’an dernier), nous n’anticipons pas de rupture pour 2018. De son côté, le marché relatif aux poids lourds se développe à un rythme comparable à l’évolution du PIB. Alors que l’activité macroéconomique en France et dans les pays où nous sommes présents (Italie et Benelux) enregistre un rebond depuis le second semestre 2017, nous nous attendons à une poursuite de cette tendance.

A.L.

Louis-Mathieu Perrin, directeur financier et administratif, Direct Energie

  • Secteur d’activité :Energie
  • Chiffre d’affaires 2016 : 1,7 milliard d’euros

1 - Les chantiers de l’année

Le chantier principal de la direction financière qui va concerner essentiellement le premier semestre est l’intégration de Quadran, société spécialisée dans les énergies renouvelables, et notamment l’éolien et le solaire, dont nous avons bouclé l’acquisition fin octobre dernier. Nous devons accompagner les équipes pour qu’elles s’adaptent au fonctionnement du groupe comme, par exemple, produire des comptes consolidés en normes IFRS et respecter les délais de reporting groupe, car Quadran n’était pas coté en Bourse.

Le second chantier de la direction financière vise à poursuivre la réduction de nos délais de clôture afin d’être pleinement opérationnels courant 2019. En effet, nous publions nos comptes annuels mi-mars, et, historiquement les semestriels fin septembre. Nous souhaitons gagner a minima une semaine sur les délais de production annuelle et nous aligner sur la pratique des entreprises du secteur pour les semestriels, soit fin juillet-début août.

2 - Les perspectives sectorielles

L’objectif du groupe est de poursuivre sa croissance sur l’ensemble des segments sur lesquels il est présent. Tout d’abord, dans le domaine de la fourniture de gaz et d’électricité pour les particuliers, les entreprises et les collectivités, l’objectif de croissance de notre portefeuille clients à terme est de 4 millions en 2020 contre plus de 2,5 millions fin 2017.

Sur le volet production, le groupe souhaite poursuivre son développement avec le lancement de la construction de la centrale de Landivisiau pour laquelle nous avons obtenu le feu vert de l’Union européenne au cours du deuxième semestre de 2017. Nous espérons poser la première pierre d’ici fin 2018.

Par ailleurs, l’enjeu majeur du secteur dans les prochaines années consiste à instaurer un nouveau modèle énergétique durable, ce qui passe par un changement des modes de production et de consommation d’énergie. C’est pourquoi l’intégration de Quadran est essentielle pour le groupe, qui pourra ainsi répondre aux besoins de développement des énergies d’avenir.

A.M.

Eric Soyer, directeur financier, Erytech

  • Secteur d’activité : biotechnologies

1 – Les chantiers de l’année

L’an dernier, nous avons mené à bien deux opérations de financement : un placement privé de 70,5 millions d’euros ainsi qu’une augmentation de capital de 144 millions de dollars à l’occasion de notre entrée au Nasdaq. Forts de ces levées de fonds, nous disposons d’un horizon de trésorerie de quatre ans. Au cours des prochains mois, la direction financière devra veiller à ce que ces liquidités soient correctement utilisées. Elles seront naturellement affectées à la poursuite du développement préclinique et clinique de nos candidats-médicaments, dont GRASPA (gastro et hémato-oncologie), qui a passé avec succès l’an dernier le stade 2b de son essai thérapeutique dans le cancer du pancréas. Ils seront alloués de surcroît à la création d’un nouveau site de production aux Etats-Unis, pays vers lequel nous déplaçons progressivement notre centre de gravité opérationnel pour des raisons commerciales, logistiques et réglementaires. Erytech devrait également recruter une quarantaine de personnes cette année, à la fois dans les fonctions de recherche et support, y compris le contrôle financier aux Etats-Unis. Par ailleurs, en tant qu’entreprise française nouvellement cotée aux Etats-Unis, nous poursuivons actuellement le vaste chantier de mise en conformité documentaire entamé l’an dernier et réaliserons très prochainement, ainsi que l’exige la loi Sarbanes-Oxley, un premier audit annuel de notre contrôle interne. Enfin, d’ici au début du printemps, nous finaliserons l’implémentation de notre nouvel ERP, outil qui doit non seulement nous permettre de gagner en productivité mais aussi d’adapter notre production financière aux exigences réglementaires américaines.

2 – Les perspectives sectorielles

Positionnée sur la recherche de médicaments orphelins, Erytech est aujourd’hui en bonne place pour susciter l’intérêt des grands laboratoires, dont la plupart ont fait du traitement des pathologies rares un axe de développement stratégique. En outre, la patientèle d’Erytech dans les tumeurs solides et l’hémato-oncologie devrait augmenter significativement dans les prochaines années. Si ces perspectives semblent favorables au développement de la société, nous suivrons néanmoins de près le débat en cours outre-Atlantique sur la fixation du prix et les modalités de remboursement des médicaments.

T.F.

Philippe de Trémiolles, directeur général finances, European Camping Group

  • Secteur d’activité : hôtellerie de plein air
  • Chiffre d’affaires 2017 : 230 millions d’euros

1 - Les chantiers de l'année

Après avoir refinancé l’ensemble de la dette du groupe en levant 315 millions d’euros en 2017, ce qui nous a demandé un travail conséquent, tant en termes de préparation documentaire que de rencontres avec différents acteurs financiers, nous allons cette année davantage nous concentrer sur notre politique d’acquisitions. Nous allons en effet poursuivre l’intégration du groupe hollandais Roan que nous avons acquis fin 2016. Nous avions déjà intégré ses données financières au sein de nos formats de reporting, mais nous devons désormais nous atteler à l’harmonisation des procédures plus opérationnelles (gestion des achats et de la maintenance des mobil-homes). De plus, pour augmenter encore la taille du groupe, nous avons prévu d’acquérir deux ou trois campings supplémentaires en 2018. La direction financière va devoir consacrer du temps à l’exécution de ces transactions, mobiliser les montants nécessaires, et intégrer ces nouveaux entrants en termes de commercialisation, salariés, comptabilité, reporting, procédures… Enfin, nous allons dès cette année rechercher de nouveaux dossiers d’acquisitions et entamer les due diligences pour celles qui seront bouclées en 2019.

En parallèle, la transition vers les normes IFRS et en particulier IFRS 16 (sur les contrats de location) devrait également venir compléter notre emploi du temps. En effet, comme nous clôturons au 30 septembre, elle devra être en œuvre dès le 1er octobre prochain. Nous avons d’ores et déjà constitué une base de données exhaustive de l’ensemble de nos contrats et estimé son impact sur nos comptes 2016 et 2017. Nous devons dorénavant intégrer ces éléments au sein de notre outil de gestion.

2 - Les perspectives sectorielles

Le secteur de l’hôtellerie de plein air est en train de monter en gamme, grâce au développement des mobil-homes, et attire de plus en plus de clients. Pour appuyer cette croissance, une consolidation du secteur est en cours.

Cette évolution suscite aussi de l’intérêt auprès des grands fonds d’investissements, qui entrent de plus en plus souvent au sein du capital des groupes d’hôtellerie de plein air et contribuent à augmenter leur visibilité. Nous-mêmes sommes détenus par Carlyle depuis 2014 et Montefiore depuis 2006.

A.T.

Pierre-Olivier Gisserot, CFO, Prodways Group

  • Secteur d’activité : impression 3D
  • Chiffre d’affaires 2016 : 25,2 millions d’euros

1 - Les chantiers de l'année

Prodways Group se concentre sur deux secteurs : le médical, qui permet de fabriquer en grandes quantités des pièces uniques, et l’aéronautique pour concevoir des pièces plus légères que celles traditionnelles mais avec les mêmes capacités mécaniques.

Le 16 mai dernier, nous nous sommes introduits en Bourse et nous avons levé à cette occasion 62,5 millions d’euros. L’utilisation de ces fonds devra être dirigée vers trois axes principaux. Le premier (25 %) vise à continuer notre effort de R&D et à développer nos gammes de produits : des machines d’impression 3D et les matières associées. Le deuxième axe (60 %) concerne la croissance externe. L’année dernière, nous avons réalisé deux acquisitions majeures ; au quatrième trimestre dernier, Prodways Group a acheté la société Avenao, spécialisée dans les softwares pour la 3D, et Interson Protac, experte des prothèses et des protections auditives. L’intégration de ces sociétés et l’accélération de leur développement vont donc représenter un de nos principaux chantiers.

Enfin, le dernier axe porte sur le financement de notre croissance interne. Lors de l’introduction, notre chiffre d’affaires était de 25 millions d’euros. Nous avons annoncé au marché une prévision de 50 millions d’euros pour 2018. Avec le doublement de son chiffre d’affaires en deux ans, Prodways Group doit s’assurer d’une bonne maîtrise de son poste client et de ses stocks pour optimiser ses besoins en fonds de roulement (BFR). Aussi, la hausse de nos besoins en fonds de roulement sera financée par 15 % des fonds levés.

2 - Les perspectives sectorielles

Prodways Group a deux métiers principaux. Une division «Systems» qui regroupe les activités machines, matières et software, et une activité «Product» où nous proposons à nos clients soit la fabrication de pièces imprimées en 3D à la demande – et plus seulement des prototypes –, soit des séries de produits, ce que nous faisons dans le médical par exemple. Par ailleurs, le projet phare de 2018 est une nouvelle technologie d’impression métal, «le Rapid Additive Forging», qui permet d’imprimer en 3D des ébauches de pièces en métal de grandes dimensions principalement dirigées vers l’aéronautique.

Le marché de l’impression 3D est très porteur et génère énormément d’opportunités dans l’industrie, ce qui explique le succès de l’introduction sursouscrite près de six fois. Aussi, même si la concurrence est rude, nous pouvons espérer que l’embellie économique mondiale actuelle soit favorable au développement de l’impression 3D.

A.M.

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