Carrières & management

Les métiers de la direction financière qui ne connaissent pas la crise

Publié le 9 octobre 2020 à 18h31

Anne del Pozo

Alors que de nombreux projets de recrutement ont été suspendus, voire annulés, depuis le début de la crise, plusieurs métiers de la fonction finance restent très recherchés. Soucieuses de sécuriser leur structure financière, les entreprises ciblent tout particulièrement des profils spécialisés dans la gestion de trésorerie, la comptabilité et le credit management.

Les temps sont particulièrement difficiles pour les salariés qui envisageaient de changer de poste. Selon Michael Page, la moitié seulement de ses clients qui prévoyaient de recruter en 2020 ont décidé de maintenir leurs recrutements, tandis qu’un quart d’entre eux attendent de bénéficier de plus de visibilité sur la conjoncture économique avant de relancer leurs projets RH. Pour les professionnels de la direction financière, les perspectives s’annoncent cependant moins moroses. Dans son étude de rémunérations 2021 publiée le mois dernier, le cabinet avance en effet que la fonction finance figure parmi celles qui, l’année prochaine, continueront d’embaucher. Ainsi, près d’un quart au moins des projets de recrutement en «comptabilité & finance» seraient maintenus.

Des fiches de poste adaptées

Durement affectés par la crise, de nombreux groupes ont, il est vrai, besoin de renforcer leur expertise financière afin de rebondir le plus rapidement possible. «Leurs préoccupations actuelles s’articulent essentiellement autour de l’optimisation du besoin en fonds de roulement (BFR), du pilotage du cash et de la gestion du crédit», informe Ludovic Bessière, business director France et Benelux de Hays. Dans ce contexte, les trésoriers, credit managers, comptables clients ou encore contrôleurs de gestion ont le vent en poupe. «Les demandes des entreprises sur ces métiers sont plus importantes qu’avant la crise et se font au détriment d’autres fonctions liées à la fiscalité ou à la comptabilité fournisseur», ajoute Ludovic Bessière. «Nous constatons également, sur les profils recherchés, une évolution des attentes en termes de compétences métiers et humaines.»

C’est notamment le cas pour les trésoriers et les credit managers, dont les fiches de poste du moment mettent particulièrement l’accent sur certaines problématiques. «En temps normal, ces fonctions font certes attention au cash, mais ont néanmoins tendance à s’intéresser davantage aux investissements de l’entreprise», poursuit Sébastien Denis, manager exécutif senior chez Michael Page. «Aujourd’hui, avec la crise de la Covid-19, elles sont surtout attendues sur la gestion du BFR et des flux de cash dans l’entreprise ainsi que sur l’analyse de la performance financière.» De même, les credit managers et chargés de recouvrement de créances sont aujourd’hui plébiscités pour accélérer les rentrées d’argent et, ainsi, optimiser la gestion du risque client. «L’enjeu pour eux ne consiste pas tant à augmenter le chiffre d’affaires, mais avant tout à sécuriser la trésorerie dans une période économique incertaine et à renforcer le cycle order-to-cash (de la commande au paiement)», poursuit Sébastien Denis.

La maîtrise des coûts dans le viseur

S’agissant des contrôleurs de gestion, leur rôle est devenu plus central que jamais. «En lien étroit avec les équipes commerciales, il élabore les prévisions budgétaires et conseille la direction sur les actions à mener pour atteindre les objectifs», poursuit Sébastien Denis. «En outre, il participe à la maîtrise des coûts et à l’amélioration de la performance des entreprises.» Deux objectifs érigés au rang de priorités dans la plupart des sociétés. Pour parvenir à leurs fins, certaines directions financières ont également tenu à étoffer leurs départements consacrés au contrôle et à l’audit internes. «Les entreprises cherchent des contrôleurs internes qui, y compris chez les juniors, soient capables d’avoir une vue d’ensemble du cycle budgétaire et qui aient une capacité à faire des mises en situation en fonction de l’évolution de la crise», indique Charlotte Lancelle, manager chez Fed Finance.

Si la concurrence que se livrent les entreprises pour attirer ce type de profils est extrêmement forte, le degré d’exigence des recruteurs n’en reste pas moins haut. Au-delà des compétences techniques, ces derniers ciblent en effet des candidats en mesure non seulement de mettre en place des projets de dématérialisation, mais aussi de faire preuve d’adaptabilité en termes de management. «Les recruteurs sont notamment attentifs à la capacité du candidat à manager à distance, à basculer une équipe en télétravail rapidement», évoque par exemple Aurélien Boucly, associate business director chez Robert Half. Des attentes qui font donc la part belle au savoir-être des candidats. «Les soft skills ne sont plus un critère de décision secondaire dans les prises de décision des recruteurs», précise Charlotte Lancelle. «Ceux-ci peuvent suffire à éliminer un candidat du processus de recrutement.» Cette tendance se ressent pleinement sur le contenu des entretiens. «Les entreprises font de plus en plus de tests de personnalité, multiplient les intervenants pendant les entretiens d’embauche pour tester l’adaptabilité du candidat, organisent des rencontres entre le candidat et les équipes avec lesquelles il travaillera pour vérifier ses capacités d’intégration, etc.», ajoute Charlotte Lancelle. Ce qui se traduit, dans certains cas, par un allongement du processus d’embauche. 

Le management de transition tire son épingle du jeu

● La frilosité de certains candidats à abandonner un CDI tend à compliquer, depuis le début de la crise, la tâche de nombreux recruteurs.Un constat qui fait la part belle au management de transition. «Certaines entreprises qui ont trop attendu pour recruter sur des postes de credit manager ou cash manager, de trésorier ou de chef comptable sont aujourd’hui confrontées à une pénurie de talents, constate Sébastien Denis, manager exécutif senior chez Michael Page. Le marché ouvre ainsi la voie aux profils de candidats qui se positionnent sur des postes de transition.»

● Les trésoriers, les contrôleurs de gestion ainsi que les directeurs financiers ayant géré des reprises d’activité ou des transformations profondes (restructurations, faillites, opportunités de croissance externe, etc.) s’imposent comme les managers de transition les plus recherchés, selon le cabinet Robert Walters qui a publié, le mois dernier, la première étude européenne du management de transition.

Source : Robert Walters

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