Les directions financières dans la crise

Labeyrie reste optimiste pour les fêtes de fin d’année

Publié le 11 décembre 2020 à 17h40

Propos recueillis par Alexandra Milleret

Distribué en grande surface, le groupe Labeyrie Fine Foods a plutôt bien résisté à la crise économique jusqu’à présent. Hormis un recours limité au chômage partiel et au report de paiement des charges sociales, le groupe n’a pas eu besoin de demander un prêt garanti par l’Etat. Malgré les recommandations du Gouvernement à fêter Noël en comité réduit, le groupe espère désormais que les Français ne modifieront pas trop leurs habitudes de consommation.

Activité : Vente de produits alimentaires

Chiffre d’affaires 2019 : 1,1 milliard d’euros dont (60 % France/40 % international) (Produits du terroir 12 % ; Crevettes 30 % ; Poissons 40 % ; Produits apéritifs 18 %)

Actionnariat : 91,25 % : Pai Partners + Lur Berri (50-50) et 8,75 % Management

6 marques : Labeyrie, Delpierre, Blini, L’atelier Blini, Père Olive, Comptoir Sushi

Implantation : Distribués dans 60 pays/19 sites industriels/4 600 collaborateurs

Comment la crise sanitaire actuelle affecte-t-elle votre activité ?

Le secteur de l’agroalimentaire en grandes surfaces a tant bien que mal résisté à la crise. Même si une part de notre activité est de proposer des produits aux restaurateurs, nos produits sont quand même majoritairement distribués dans la grande distribution qui est restée ouverte pendant les deux confinements. Le premier, en mars, a nécessité l’élaboration d’un plan d’action pour nous permettre de poursuivre sereinement notre activité. Notre priorité étant d’assurer la santé et la sécurité de nos 4 600 collaborateurs, dont 3 500 en usines, une cellule de crise, composée d’une dizaine de personnes, notamment des deux coprésidents (Jacques Trottier et moi-même), du directeur des ressources humaines du groupe, du directeur industriel… a été créée au niveau du groupe en mars dernier. Elle se réunissait tous les jours pour évaluer et mettre en œuvre notre plan de continuité d’activité, à savoir la fabrication de nos produits, leur expédition, la facturation et le recouvrement de nos factures.

La cellule a également piloté la mise en œuvre d’un protocole sanitaire très strict sur l’ensemble de nos 19 sites industriels situés en France (14 sites), au Benelux et au Royaume-Uni), comme dans nos bureaux administratifs. Les matériels de protection individuelle (gels hydroalcooliques, masques, surblouses…) ont été achetés dès le début de la crise. Le nettoyage complet et régulier de nos usines ainsi que le respect de la distanciation physique dans les vestiaires ou les salles de pause ont été organisés. Le reste des salariés (1 100 collaborateurs dans les bureaux) a été placé en télétravail. Toutes ces opérations ont bien sûr généré des coûts mais qui n’ont pas fait l’objet de débat financier interne. Ils ont d’ailleurs été facilement absorbés à l’échelle d’un groupe comme le nôtre.

Votre direction financière a-t-elle dû prendre des mesures particulières, notamment au moment du premier confinement ?

La diversité de nos produits (mer, terroir, apéritif) et notre présence dans la grande distribution et à l’international ont largement contribué à un certain équilibre financier de notre activité. Dans ce contexte, nous n’avons pas enregistré, depuis le début de la crise, de perte de chiffre d’affaires significative. Le comportement du consommateur est resté assez stable. En effet, si le début du premier confinement a été marqué par une légère contraction de notre activité, celle-ci a été compensée notamment au moment du déconfinement, les consommateurs ayant privilégié nos produits apéritifs à ce moment-là. En conséquence, nous avons simplement demandé, par précaution, des autorisations de découvert à nos partenaires bancaires. 

Avez-vous eu recours à des dispositifs publics ?

L’agroalimentaire étant un secteur considéré comme essentiel à la nation, aucune de nos usines françaises n’a été contrainte à la fermeture administrative. Le recours au chômage partiel a été extrêmement limité, il s’est concentré sur des ateliers très précis dont les commandes avaient fortement diminué, et sur la population force de vente terrain qui était dans l’incapacité de visiter les magasins. De plus, nous avons également demandé le report de nos échéances sociales (Urssaf) mais pas des échéances fiscales. Tous nos acomptes d’impôt sur les sociétés par exemple ont été payés. Nous n’avons pas non plus demandé de prêt garanti par l’Etat.

Comment votre direction financière s’est-elle organisée ces derniers mois et comment travaillez-vous aujourd’hui ?

Notre direction inclut plusieurs directions : la comptabilité, la trésorerie, l’audit, mais aussi le juridique et les systèmes d’information. Cela représente environ une centaine de collaborateurs. Ils ont été placés en télétravail dès le mois de mars et une grande majorité le sont encore aujourd’hui. Je précise que suite aux dernières annonces du Gouvernement, nous avons décidé que le télétravail serait recommandé pour nos équipes jusqu’au mois de janvier prochain.

Mais cette organisation ne nous a posé aucun problème particulier. Nos outils informatiques étaient déjà très performants et un projet de dématérialisation des factures avait déjà été initié avant la crise. Tout cela a facilité la fluidité de la direction comptable et financière. Par ailleurs, des réunions virtuelles quotidiennes grâce à Teams sont organisées avec les différents chefs de départements ou avec les équipes en direct. Je fais par ailleurs des points quotidiens avec les autres membres du comité de direction pour m’assurer de la bonne continuité de notre activité. Nous avons de plus maintenu avec nos actionnaires —91,25 % détenus par Pai Partners et Lur Berri (coopérative agricole ; 50 % chacun) et 8,75 % par le management du groupe — et le comité exécutif, une communication très active grâce à nos réunions mensuelles. En parallèle, notre cellule de crise a permis des échanges encore plus directs et rapides pour les tenir informés de l’évolution de la situation. 

Les fêtes de fin d’année sont une période particulièrement importante pour votre secteur. Suite aux recommandations du Gouvernement de limiter le nombre de personnes à table pour le réveillon de Noël, comment appréhendez-vous le comportement du consommateur ?

Il est évident que les fêtes de fin d’année seront particulières, et chez nous les deux derniers mois de l’année représentent une part significative de notre chiffre d’affaires annuel. Même si le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé la limite de 6 personnes hors enfants pour le réveillon, les consommateurs ne savent pas encore comment ils vont s’organiser pour se retrouver en famille. Mais nous restons optimistes car nos produits sont synonymes de convivialité et de plaisir et les Français en ont plus que jamais besoin après l’année que nous venons de vivre. Aussi, nous nous sommes adaptés au contexte spécifique de cette saison atypique en proposant nos produits dans des formats plus petits. Enfin, l’ouverture des magasins le dimanche pendant le mois de décembre peut aussi avoir une influence sur le comportement des consommateurs.

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