Mirova analyse les tendances clés du marché en 2024 : les 10 faits marquants du premier semestre, et les perspectives du second.
Le premier semestre 2024 en 10 faits marquants
1 - Etats-Unis : soft landing 1 – no landing 0
No landing, soft landing? Au début du semestre, les options restaient ouvertes. Jusqu’en mars, les indicateurs américains ne montraient aucun signe de décélération, avant de connaître un coup de frein. Chez Mirova, notre scénario central misait sur celui, alors optimiste, d’un soft landing. Il s’est confirmé au fil des mois, au gré de la divulgation de nombreux indicateurs différents indicateurs. L’activité aux États-Unis demeure très correcte même si on notera une baisse des surprises macro, désormais en territoire négatif depuis quelques temps. La production industrielle et manufacturière, portée jusqu’à présent par les plans de relance et le rapatriement d’une partie de la production dans le pays, semble ralentir. L’immobilier n’a pas flanché, avec des prix toujours très élevés et des mises en chantier qui faiblissent, de même que les transactions. Le marché du travail, toujours très solide, se normalise progressivement, pour revenir sur des niveaux pré-covid alors que l’inflation salariale ralentit progressivement. Les marges des entreprises demeurent élevées, raison pour laquelle l’investissement tient. Le consommateur cependant, surtout celui à revenus faibles ou modérés, commence à montrer quelques signes de faiblesse, si l’on en croit les derniers chiffres de vente aux détails ou la hausse des taux de défaut sur les cartes de crédit et crédits auto, même s’il s’agit là d’un rebond sur un point bas. Au global la croissance américaine termine le semestre à son potentiel, c’est-à-dire une croissance de PIB proche de 2% en rythme annualisé, en ligne pour l’instant avec un scénario de soft landing réussi.
2 - Report des baisses de taux et début d'assouplissement
Les marchés ont débuté l’année en tablant sur 7 baisses de taux en 2024 de la part de la Réserve fédérale, sur la base d’un scénario économique plutôt récessif, auquel nous ne croyions pas du tout, et fortement désinflationniste, auquel nous croyions en revanche. Aucune de ces baisses n’a pour l’instant eu lieu côté US, car la désinflation s’y est engluée au cours des premiers mois de l’année tandis que l’économie américaine résistait. La Fed a donc opté pour une politique dite higher for longer, que le marché a fini par intégrer. Il n’y a en revanche pas eu d’anticipation de poursuite de hausse des taux de la part des investisseurs. Ce mouvement correspond davantage à un report de baisses des taux sur la fin de l’année et sur 2025/2026 plutôt que de leur annulation pure et simple. Même si la voie n’est pas aisée, la BCE a pu finalement se désolidariser de la Fed, actant une première baisse de taux en juin. Le rythme apparaît là aussi moindre qu’anticipé en début d’année, quand le marché tablait sur 6 baisses, la BCE ne se montrant pas encline à une coupe trop rapide compte tenu de l’amélioration de la dynamique macro et de la rigidité du prix des services. Elle surveillera en particulier l’évolution de l’inflation salariale, qui devrait selon nous continuer à se normaliser. La Banque centrale japonaise a, pour sa part, réhaussé ses taux de 10 bp en mars pour la première fois depuis 2007 dans une fourchette de 0%13 à 0,1%13 (vs -0,1%13 précédemment) et s’est engagée à réduire son bilan dès cet été. Nous projetons une poursuite du resserrement monétaire mais son rythme dépendra de la vigueur des salaires réels et de la consommation des ménages. Par ailleurs la faiblesse du Yen, à un plus bas historique face au dollar, augmente le risque de stagflation au cours des prochaines années et constitue un défi pour la Boj. En mars, la Banque nationale suisse a surpris en abaissant son taux directeur de 1,75% à 1,5%, avant d’effectuer une deuxième baisse de 25bps en juin. En Suède, la Riksbank a aussi abaissé en mai son taux directeur principal pour la première fois en huit ans, à 3,75%. La Banque du Canada a suivi, réduisant ses taux en juin. La tendance baissière domine désormais dans les politiques des banques centrales à l’échelle mondiale.
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Les perspectives du second semestre 2024
Nous avons débuté l’année avec une vision bien plus optimiste que celle du consensus au sujet des perspectives de croissance des économies américaine, européenne et chinoise et le premier semestre se conclut sur des données macroéconomiques effectivement supérieures aux attentes. Avec la croissance acquise au cours des six derniers mois, les États-Unis devraient, sauf choc exogène, s’assurer une croissance annuelle proche de 2,5 %27, la Chine dépasser les 5 %27 et celle de la zone Euro devrait avoisiner 0,7%-0,8%27. Alors, Mirova conserve-t-il son optimisme malgré les quelques nuages qui apparaissent ça et là ? La réponse penche vers l’affirmative ! Mais les tendances se feront bien moins spectaculaires qu’au cours des six mois passés.