Alors que 2020 sera très probablement une année sans inflation, Jonathan Baltora, gérant de portefeuille et responsable de l'équipe Taux & Inflation chez AXA IM revient sur les différentes stratégies des obligations indexées à l’inflation et nous expose sa vision de la classe d’actifs.
Après la chute vertigineuse des prix du pétrole que l’on a pu voir ces dernières semaines, je vous propose de faire un point rapide sur l’inflation, les anticipations d’inflation et puis les obligations indexées à l’inflation.
2020, une année sans inflation
Concernant l’inflation, je pense qu’on peut le dire très clairement : 2020 sera une année sans. Il n’y aura pas d’inflation en 2020 parce que les prix du pétrole, qui représentent globalement 80 % de la volatilité de l’inflation, ont connu une baisse vertigineuse. Donc nous sommes déjà à la moitié du chemin, l’inflation a déjà baissé dans les économies développées. Elle va probablement continuer à baisser encore un petit peu dans les mois à venir mais je dirais que l’essentiel se fera dans les semaines et dans les mois qui viennent.
Ce qui a surpris à la hausse, ce sont les prix de l’alimentation. On a pu s’en rendre compte en faisant les courses, les prix des produits frais ont connu une hausse assez sensible ces dernières semaines. Le plus important pour les marchés, ce n’est pas l’inflation en elle-même mais plutôt l’anticipation d’inflation. Qu’est-ce qui est pricé dans le marché ? On parle de « breakeven ». Ce breakeven d’inflation, c’est l’inflation annuelle moyenne pricée par les marchés. Les breakeven ont eu tendance à baisser de manière assez forte les semaines passées. Nous sommes sur des niveaux aujourd’hui qui sont comparables à ceux que l’on a vu après Lehman Brothers.
Maturité par maturité, il est intéressant de regarder ce que nous dit le marché. S’il est vrai que l’inflation va être basse dans les mois à venir, le marché est probablement déjà plus pessimiste que ça. L’inflation anticipée à un an aux États-Unis est de l’ordre de -1 %, c’est vous dire si le marché est pessimiste aujourd’hui. C’est pour cela qu’il faut essayer de mettre en perspective, en étant un peu contrariant, ce que nous disent les économistes et puis ce que nous dit le marché. C’est là qu’aujourd’hui nous voyons de la valeur.
Nous voyons des opportunités dans les obligations indexées à l’inflation
Pour se positionner sur ces anticipations d’inflation il faut faire des stratégies de breakeven que l’on appelle « Redex » chez AXA IM. Ce sont des stratégies sur lesquelles il faut avoir raison sur le timing. Il faut que les breakeven montent. Il faut que ces anticipations d’inflations soient envoyées plus haut pour gagner de l’argent
parce que sinon, on risque de perdre à cause des coûts de portage sur les taux – vendre de la duration via des contrats futures – et des coûts de portage sur le change.